Publié le 01/04/2021 par PCF Nous voulons d’abord saluer le travail des milliers de scientifiques qui ont contribué à ce rapport, en particulier des experts français du GIEC. Femmes et hommes de science, souvent financés par des services publics, jouent un rôle essentiel de lanceurs d’alerte. Un réchauffement climatique gravissime ! Ce lundi 9 août, le rapport du groupe 1 du GIEC, confirme la gravité du déréglement climatique déjà mesurable avec +1,1 degré de réchauffement. Les conséquences, comme en témoignent les feux de forêts Canada, Russie, Grèce et les inondations Allemagne et Belgique de grande ampleur sont gravissimes. Il y a 30 ans, les experts avaient déjà correctement anticipé par leurs calculs cette évolution dramatique que nous connaissons aujourd’hui. Dans la continuité des 5 autres rapports du GIEC, les chercheurs sont de plus en précis montée des températures, jusqu’à rendre de vastes zones de la planète invivables ; montée du niveau des océans, avec une fonte des glaciers plus rapide que prévu ; perturbation des écosystèmes océaniques en proie à une acidification... c’est un changement du niveau de la dernière déglaciation il y a 20 000 ans qui a pourtant pris plusieurs milliers d’années pour s’établir à l’époque, qui se produit ici sous nos yeux à l’échelle d’une vie humaine et avec une vitesse 30 fois plus rapide ! Aucun écosyteme n’est capable de s’adapter à une telle évolution et les conséquences irréversibles vont se sentir encore durant des milliers d’années. La sécurité alimentaire mondiale est en jeu directement ainsi que le déplacement de centaines de millions de personnes des zones côtières. Ce rapport le montre à nouveau chaque dixième de degrés compte. Il faut tout mettre en œuvre pour maintenir le réchauffement global en dessous de +1,5 degré. Pour atteindre cet objectif préconisé par l’Accord de Paris, le monde doit parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050. Ainsi, l’ONU préconise de baisser de 7,4 % chaque année les émissions de 2020 à 2030, soit l’équivalent des conséquences de la crise du Covid, c’est dire l’ampleur des transformations à mener, à la fois pour atténuer le changement climatique, mais aussi pour s’y adapter. Or, selon l'Agence internationale de l'énergie, nous sommes plutôt sur la trajectoire de 3,5 degrés de réchauffement, ce qui serait catastrophique. Changer de politique est urgent et possible ! Le système capitaliste actuel, finançant les activités polluantes et avec pour seule boussole le profit et la rentabilité à court terme est incapable de répondre à ce défi, comme en témoigne le refus du G20 de juillet dernier de s’engager dans des mesures compatibles avec l’objectif 1,5 degré. Il faut dès maintenant revoir les critères de financement et le rôle des banques pour réorienter l’argent vers tous les investissement bas carbone transports, énergie, logement, agriculture, procédés industriels. Cela heurte le cœur même du fonctionnement du capitalisme qui doit être dépassé. L’heure est grave, il faut prendre le pouvoir sur l’économie ! Il s’agit aussi dès maintenant de rendre effectif le fonds vert de 100 milliards d’euros par an pour aider les plus pauvres promis lors de l’Accord de Paris de 2015, qui ne se traduit pas dans les montants actuellement alloués. Ce sera tout l’enjeu de la COP 26 qui se déroulera à Glasgow, en novembre prochain seuls des changements politiques majeurs à travers le monde nous permettront d'être à la hauteur de l'enjeu. Quant à la France, les mesures sont clairement insuffisantes comme l’a pointé récemment le Haut conseil pour le Climat son devoir d’exemplarité doit la conduire à avoir un objectif de neutralité carbone et réduire également, au-delà de ses seules émissions territoriales, son empreinte carbone, conséquence de nombreux produits importés et consommés en France. Nous n’en prenons pas le chemin avec la politique menée sous le quinquennat d'Emmanuel Macron ! Plus ambitieux que la neutralité carbone, le PCF et son candidat à l'élection présidentielle, Fabien Roussel préconisent de viser une empreinte carbone nulle d’ici 2050 ce qui suppose une relocalisation des industries et des efforts accrus dans l’efficacité énergétique, ainsi que de conserver notre atout d’une électricité qui est déjà décarbonnée à plus de 90 %. Tous les leviers doivent être mobilisés à cette fin, qu’il s’agisse de progrès techniques ou de gains en sobriété énergétique, qui permettent, ensemble, que la politique climatique ne soit pas synonyme de régression sociale. Nous appelons aussi à une hausse significative des budgets de recherche, des volumes d’enseignements scientifiques et à un encouragement massif à la vulgarisation scientifique dans les médias pour que chaque soit de ce bouleversement sans précédent, et acteur des combats écologiques à mener. Paris, le 9 août 2021
Luniformisation de l'heure sur l'ensemble du territoire national est imposée par la loi du 14 mars 1891 qui fixe l'heure légale en France métropolitaine
Économie La remise en cause des 35 heures va agiter la campagne des législatives. Mais combien de temps travaille-t-on réellement en France et chez nos voisins ? Contrairement aux idées reçues, les Français travaillent bien davantage que leurs voisins. La durée d'emploi en France était de 1 482 heures par an en 2015. Contre 1 371 en Allemagne, 1 419 en Hollande ou 1 457 au Danemark. Photo d'illustration centre commercial de la Toison d'or à Dijon. © AFP/JEFF PACHOUD Le temps de travail est un terme trompeur. En effet, s'il est souvent mobilisé au cours de conflits ou de controverses, il désigne en réalité la durée reconnue de l'emploi », plutôt que le temps de travail ». En effet, ses estimations statistiques excluent le travail domestique, qui regroupe pourtant un nombre d'heures supérieur au travail salarié en France. Les femmes à temps partiel, sujettes à une division inégale des tâches domestiques ou à une situation monoparentale, passent toujours plus de temps en travail domestique qu'en travail salarié. En outre, le temps de travail réduit la notion de temps » à la seule durée, laissant de côté d'autres dimensions temporelles horaires, rythme, prévisibilité…. De plus, il est aveugle au contenu effectif des tâches. Par exemple, dans les années 2000, certaines industries ont augmenté le nombre de secondes effectives de travail accompli par minute. Une réduction du temps d'emploi peut donc s'accompagner d'une intensification de l'activité, c'est-à-dire d'une hausse du temps de travail. Le nombre d'heures non déclarées ou non comptées comme pour les cadres supérieurs salariés payés à la journée et non à l'heure achève de brouiller les pistes lorsque l'on tente d'identifier les durées d'emploi réelles. Une baisse généralisée de la durée d'emploi La durée d'emploi ne doit pas non plus faire oublier la qualité d'emploi. À ce titre, on assiste depuis une décennie à la montée des horaires atypiques », c'est-à-dire qui ne correspondent pas à la norme d'emploi à plein temps et en semaine. Le travail le dimanche et le temps partiel, par exemple, sont en croissance sur le continent européen. Quoi qu'il en soit, une fois ces précautions d'usage prises, la durée d'emploi a baissé dans tous les pays industrialisés depuis le début du siècle, sans exception. Depuis 1950, pour des pays comme les États-Unis, le Japon, l'Allemagne ou la France, la diminution avoisine 25 %. Cette baisse tendancielle s'explique par des évolutions de la durée d'emploi au niveau journalier ou hebdomadaire un temps de travail légal ou conventionnel, selon les pays, mais aussi annuel les congés payés et tout au long de la vie selon l'âge d'entrée et de sortie du marché du travail. Néanmoins, il y a une corrélation solide entre les durées quotidiennes, hebdomadaires et annuelles passées en emploi les trois évoluent le plus souvent de concert. Il est toutefois notable que la variation des durées d'emploi n'est que rarement corrélée à l'évolution de la productivité. Il ne s'agit pas d'un processus mécanique, qui serait tiré par des évolutions technologiques, mais bien plutôt de conflits sociaux qui trouvent leur résolution par l'application conventionnelle des revendications salariées ou par des législations favorables. Deux groupes de pays Globalement, depuis le milieu des années 1990, deux groupes de pays peuvent être distingués en Europe. Dans le premier, qui regroupe notamment le Royaume-Uni, la Grèce et le Portugal, la durée d'emploi s'est légèrement accrue dans les années 1990-2000 avant de retomber. Dans le second, qui regroupe les pays du cœur de l'Europe et de Scandinavie, la durée d'emploi n'a cessé de diminuer. La manière dont cette réduction s'est opérée varie. En France, elle a eu lieu via la législation sur les 35 heures hebdomadaires, qui a créé plusieurs centaines de milliers d'emplois – malgré des possibilités importantes d'accommodements à l'époque – et est progressivement détricotée depuis. En Allemagne, c'est plutôt un effet de composition qui est à l'œuvre, c'est-à-dire l'adoption d'emplois à temps partiel par les nouveaux entrants sur le marché du travail ou les chômeurs en reprise d'emploi. Cette dynamique divergente est entretenue par des écarts importants entre pays européens à deux niveaux. D'abord, l'ampleur du secteur à temps partiel oppose des pays comme les Pays-Bas 39 % de salariat à temps partiel, dont 75 % des salariées et les pays baltes moins de 10 % de salariat à temps partiel. Derrière la durée d'emploi moyenne se cachent des réalités très différentes entre salariés et salariées. Temps plein et temps partiel Le temps partiel lui-même peut inclure des réalités très différentes, puisque les personnes salariées à temps partiel en Allemagne travaillent 19 heures par semaine en moyenne, contre 24 heures pour leurs homologues en Suède. Ensuite, des écarts aussi importants séparent le travail à temps plein dans des pays comme la Grèce 44,5 heures en moyenne et le Danemark sous les 40 heures. Ainsi, le ratio entre travailleurs à temps partiel et travailleurs à temps plein doit être pensé en articulation avec la norme nationale du temps partiel et du temps plein. Cela conduit à des temporalités distinctes selon les pays par rapport à la moyenne des pays européens, la France a ainsi des salariés à temps plein aux horaires faibles et des salariés à temps partiel aux horaires élevés, tandis que l'Allemagne est dans une situation rigoureusement inverse. Afin d'évaluer les durées d'emploi de chaque pays, le raisonnement le plus approprié semble être à l'échelle de l'année. Cela permet de tenir compte des durées légales et conventionnelles quotidiennes et hebdomadaires, mais aussi d'inclure les congés payés et les jours fériés, qui varient aussi fortement en Europe. En effet, si le Royaume-Uni célèbre 8 jours fériés, la Finlande en dispose de 15 chaque année. De même, les jours ouvrables de congés payés annuels oscillent entre 20 et 28 hors ancienneté sur le continent. Les Français travaillent beaucoup en emploi et ont une très bonne productivité Un discours récurrent accuse les Français de travailler moins en emploi que leurs homologues européens. Généralement, cette admonestation a un fond moral, il s'agit de présenter comme une tare le fait de moins travailler qu'ailleurs. Cette vision fait l'impasse sur le constat évident que les pays les plus développés sont ceux dans lesquels la durée d'emploi est la plus réduite. Mais, en plus, ce discours est fragile les seules données montrant une durée d'emploi plus faible des Français par rapport à leurs homologues européens se cantonnant aux salariés à plein temps. En comparant tous les salariés de l'OCDE, les Français travaillent plus en emploi 1 482 heures par an en 2015 que leurs collègues allemands 1 371 heures, hollandais 1 419 heures, norvégiens 1 424 heures ou danois 1 457 heures. Et, au niveau des travailleurs indépendants, la France est un des pays qui les conduit à travailler le plus durement. De même, contrairement à des préjugés ravivés depuis la crise des pays périphériques, les Grecs sont les plus gros travailleurs d'Europe avec 2 042 heures annuelles effectuées en emploi. Les écarts les plus importants d'Europe, entre l'Allemagne et la Grèce, s'élèvent à 671 heures d'emploi. Cela représente plus de 80 journées de huit heures. En revanche, une spécificité française souvent passée sous silence est la productivité des salariés, qui produisent une quantité de richesse élevée par heure de travail 5e d'Europe. Comme le résumait The Economist, les Français pourraient arrêter le vendredi et toujours produire plus que ne le font les Britanniques en une semaine ». Cette boutade montre que la durée d'emploi pose aussi, en creux, la question de la production et de la distribution des revenus. Ainsi, les durées d'emploi varient entre pays européens. Chaque norme nationale est le fruit de luttes salariales, de choix politiques et de compromis sociaux. Cependant, ces marchés de l'emploi sont parfois manipulés dans le champ politique afin d'asséner des comparaisons simplistes, qui tentent de présenter la durée d'emploi de certains pays comme un modèle, et les salariés des autres comme des retardataires. Face à ces usages outranciers, on ne peut que plaider pour des comparaisons raisonnables prenant en compte toutes les informations disponibles sur chaque durée nationale d'emploi, ses formes et son contenu productif. Et ne pas oublier ce qu'enseigne l'histoire sociale la durée normale d'emploi ne relève pas du déterminisme technologique, mais du choix politique. *Hadrien Clouet est doctorant en économie au Centre de sociologie des organisations, Sciences Po-USPC. Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimité Vous lisez actuellement Temps de travail en Europe les vrais chiffres 13 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point. Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.
Grèce: face à la crise, la solidarité . Publié le 15/07/2015 20:43 Mis à jour le 15/07/2015 20:44. Durée de la vidéo : 2 min. France 2. Article rédigé par . franceinfo. France
mardi 12 septembre 2017 Depuis 2010 sont appliquées en Grèce des mesures ressemblant étrangement, sur de nombreux points, aux "lois Travail XXL" qui doivent être prochainement adoptées par ordonnances en France. Sept ans après les premières dispositions, le bilan est inquiétant. employée de la raffinerie d’Elefsina - photo Le 25 mai 2017, tout le monde a entendu parler de l’attentat perpétré, en Grèce, contre Loukás Papadímos, l’ex-banquier reconverti en premier ministre qui, en novembre 2011, avait constitué un gouvernement mêlant les sociaux-démocrates du Pasok, le parti de droite Nouvelle démocratie et un parti d’extrême-droite appelé LAOS. Une autre explosion est passée sous silence elle s’est produite dans l’entreprise Top Gas, à Elefsina à quelques kilomètres d’Athènes, et a grièvement blessé trois salariés. Elle est symbolique des conditions dans lesquelles vivent, au travail, des milliers de Grecs. Ironie de l’Histoire, c’est ce banquier qui a signé l’acte de décès du droit du travail grec. "Réformes" au nom de la "compétitivité" Les cadres du droit du travail ont été détruits progressivement mais tout était déjà en germe dans le texte de 2010 », explique Ellie Varchalama, conseillère juridique à la GSEE, la confédération syndicale du secteur privé. La Grèce risque alors le défaut de paiement. Le gouvernement en place, dirigé par Giorgos Papandreou, signe avec l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international un accord de prêt, en échange de profondes réformes à appliquer dans le pays. Elles comportent des baisses des salaires et des retraites, des hausses fiscales, des coupes dans les dépenses publiques et sociales, des privatisations ou, encore, des réformes du marché du travail. Avec un prétexte améliorer la compétitivité et la productivité hellènes. Mais l’économie plonge dans une récession incessante, à court de liquidités. Deux autres prêts et leur corollaire, deux mémorandums, viendront donc s’ajouter. Ironie du sort, c’est celui paraphé en 2012 par Loukas Papadimos qui va le plus loin dans les "réformes". Il est plus institutionnel que le précédent ; il sape les négociations collectives », analyse Savas Robolis, professeur à l’Université Panteion d’Athènes. Et pour cause, au programme suppression des conventions collectives et primauté́ aux accords d’entreprise qui peuvent même être conclus avec des "associations de personnes" au détriment de la représentation syndicale, abolition des Prud’hommes, fin du financement des syndicats ou encore baisse du salaire minimum, qui passe de 751 euros pour tous à 586 euros bruts, et même 510 euros pour les moins de vingt-cinq ans. En juillet, Alexis Tsipras, le leader du parti de la gauche, Syriza, est contraint de signer à un troisième mémorandum. Le système de retraite par répartition devient par capitalisation, la pension minimale est fixée à 386 euros bruts seuil de pauvreté. Même le droit de grève est menacé. Précarité et insécurité du travail LIRE LA SUITE
Vacancesen Grèce pas cher : Rhodes. Si l’on devait choisir entre Corfou et Rhodes, cette dernière serait l’excellente alternative pour des vacances en Grèce pas cher. Des vols low cost vers cette île au départ de Paris ou d’autres grande villes de France (Lyon, Nantes, Bale Mulhouse, Marseille ou Toulouse) sont d’ailleurs
Préambule le Parti communiste de Grèce de 1918 à 1956 1Le Parti socialiste ouvrier grec, créé en novembre 1918, fut transformé, en novembre 1924, en Parti communiste de Grèce KKE. De 1931 à 1956, à la suite de l’intervention de l’Internationale communiste Komintern, le Parti grec participa à des luttes cruciales pour le pays il devint l’organisateur principal de la Résistance grecque en fondant, en 1941, l’EAM Front national de libération et, en 1942, l’ELAS Armée populaire de libération nationale. Après l’armistice et les accords de Varkiza janvier‑février 1945, les communistes grecs s’opposèrent aux forces gouvernementales dans la guerre civile 1946‑1949. En 1949, après la défaite de l’Armée démocratique l’AD fut l’armée des partisans grecs dans cette guerre, le Parti et ses militants durent s’exiler en URSS et dans les démocraties populaires. De 1956 à 1968, à la suite des ingérences multiformes de l’Union soviétique dans la vie intérieure du KKE, les communistes grecs firent face à plusieurs crises internes jusqu’à ce qu’en 1968, le Parti communiste de Grèce se scinde en deux partis dits assez vite, parti de l’intérieur » et parti de l’extérieur » ; les disputes et les différends dans la direction du Parti grec éclatèrent dans la Roumanie de Ceauşescu, siège du CC Comité central du KKE jusqu’en 1968, en déstabilisant complètement les anciens camarades dans une conjoncture historique marquée par la crise de la dictature en Grèce avril 1967 – juillet 1974. 2Dès l’arrivée de Nikos Zachariadis au poste de secrétaire général du KKE en 1931, des efforts furent entrepris pour inculquer des règles soviétiques dans la politique du Parti, efforts qui se poursuivirent jusque dans les années 1950. La tendance à l’universalisation de ces principes relevait d’un engagement idéologique. Dans les années 1950, la bolchevisation du KKE ne se limitait pas simplement à l’approbation de la suprématie du Parti communiste de l’Union soviétique PCUS. Ce n’était pas seulement le léninisme ou les principes bolcheviks qui devaient mobiliser la conscience des communistes grecs. L’universalisme bolchevik prôné par le KKE exaltait les liens indissolubles entre le peuple de la Grèce et le grand peuple russe » et encore la profonde gratitude exprimée par le peuple grec envers le grand peuple russe ». Le KKE reconnaissait l’URSS comme le phare » qui amènerait, plus ou moins vite, l’humanité au socialisme, puis au communisme. 3À partir de 1956, la politique soviétique fut directement liée à l’arrivée de Nikita Khrouchtchev au pouvoir. Citons François Fejtö 1 François Fejtö avec la collaboration d’Ewa Kulesza‑Mietkowski, 1992, la fin des démocraties popu ... Les différences culturelles entre les PC des démocraties populaires éclatèrent au grand jour pendant la période de déstalinisation, à la suite de la tentative de Khrouchtchev de réformer les méthodes d’action et les relations entre les Partis frères ». En reconnaissant, dans sa déclaration de Belgrade de mai 1955 et celle de Moscou du 31 octobre 1956, la pluralité des voies vers le socialisme », le numéro un soviétique ouvrait la porte à deux manifestations opposées des tendances autonomistes refoulées […]1. 4En 1956, les formes que prit la dézachariadisation », autrement dit le limogeage de Zachariadis par la direction soviétique, ouvrirent la voie à une bataille fratricide dans les rangs des communistes grecs. Cela dans la mesure où elles visaient à annihiler tant la combativité que l’intégrité morale et politique de l’ancien secrétaire général. Zachariadis était constamment appelé par ses camarades le petit Staline », celui qui aurait conduit les communistes grecs à la victoire. Cette politique soviétique touchait donc au symbolique, à ce qui constituait, et, croyons‑nous, constitue encore, le tréfonds de la résistance psychique et, en dernier ressort, politique. Et ceci, parce que la fin ignominieuse d’un symbole signifie bien plus qu’une défaite la décapitation de l’icône » Zachariadis fut perçue par lui et, bien évidemment par ses disciples, comme l’amorce d’un long processus d’asservissement, d’assujettissement et de soumission de soi. C’était comme une excommunication totale tissée par l’ordre soviétique » et destinée à faire disparaître non seulement leurs luttes, mais surtout leur dignité communiste », leur code axiologique et moral. Ce fut le début d’une lutte acharnée entre le PCUS et la vieille garde » du KKE. 2 Sur ce sujet, voir Nicolas Werth, 2001, Histoire de l’Union soviétique de l’Empire russe à l’Uni ... 5Les troubles du PCUS eurent une résonance directe dans le Bureau politique du KKE, qui dépendait plus que jamais des Soviétiques. Citons un exemple caractéristique comme on le sait, en juin 1957, le Présidium du Soviet suprême, à l’initiative de Georgui Malenkov, Viatcheslav Molotov, Mikhaïl Pervoukhine, Andreï Sabourov, Lazare Kaganovitch, Kliment Vorochilov et Nikolaï Boulganine, réclama la démission de Nikita Khrouchtchev. Mais le Comité central, réuni grâce au soutien inconditionnel du maréchal Guergui Joukov, se transforma en arbitre du conflit qui divisait le BP Bureau politique. Ainsi le CC remporta‑t‑il une victoire significative sur l’ancienne garde stalinienne en ratifiant en même temps les acquis du XXe Congrès2. Face à ces événements, le BP du KKE adopta la résolution suivante Résolution du Bureau politique du CC du KKE, Le groupe antiparti » de Kaganovitch, Malenkov et Molotov attaché à des conceptions périmées et erronées, tout en se livrant à une activité fractionnelle antiparti, est digne de la sanction la plus sévère. Et cela, parce qu’il a violé le plus haut principe léniniste de l’unité du Parti et a contrecarré les projets de son développement […]. 6 juillet 1957 3 Archives d’histoire sociale contemporaine ASKI, KKE, K. 384, Φ=20/34/50. Document en grec [c’est ... Le BP du CC du KKE3. 4 Nicolas Werth, 2001, Histoire de l’Union soviétique, op. cit., p. 441. 6Cette résolution n’était en réalité qu’une copie mot à mot de la décision du CC du PCUS qui, après avoir annulé le vote du Présidium, dénonça et condamna les activités fractionnelles du groupe antiparti4 ». Cette façon de réagir devint progressivement la norme de conduite principale du BP. En effet, pendant la période 1956‑1962, la seule stratégie approuvée par le KKE fut celle qui avait reçu le consentement explicite du Kremlin. Les cadres supérieurs du KKE, dont l’autorité s’étendait théoriquement à tous les domaines relatifs à la Grèce, voyaient leur fonction découpée en plusieurs parties et leur influence réduite par une série de décisions des instances de Moscou. Leur rôle principal consistait plutôt en une fonction administrative qu’en un travail politique réel. Il en résultait parfois un rassemblement hétéroclite des forces du KKE sans aucune homogénéité politique entre elles l’essentiel restait que l’action des communistes grecs fût toujours compatible avec les orientations principales de la politique extérieure du Kremlin. Ceux qui n’obéissaient pas à cette règle étaient exclus du Parti. Les cadres qui se disputaient le pouvoir au sein de la direction du KKE y étaient perpétuellement encouragés par les divers groupes antagoniques du PCUS. Ainsi, tout comme dans certaines démocraties populaires, les clivages historiques du PCUS se répercutaient directement dans les rangs du KKE. C’est ici que nous pouvons détecter le fond du problème la crise de la direction du KKE apparut de manière manifeste au lendemain de l’éclatement des conflits, plus ou moins dissimulés, au sein du PCUS. Dès lors, le KKE était divisé en plusieurs factions antagoniques qui se référaient sans cesse à la suprématie naturelle » de l’URSS. La critique de Ceaușescu des émeutes de Tachkent 1955 à la scission du KKE 1968 7Après la défaite de l’AD au cours de la guerre civile grecque, les communistes furent divisés en deux groupes principaux la population civile fut répartie entre les démocraties populaires, les divisions militaires de l’AD furent transférées en URSS, à Tachkent. Les émeutes qui eurent lieu à Tachkent en 1956 eurent des conséquences dramatiques à la suite d’une série d’actes de vengeance entre les ex‑partisans de l’AD, plusieurs condamnations, des peines de réclusion furent prononcées. Certains membres de la Collectivité de Tachkent goûtèrent donc à la prison. 5 Sur ce sujet, voir Nikos Papadatos, 2014, l’histoire de la scission du Parti communiste de Grèce ... 8Le rejet du projet de programme du KKE par les Soviétiques en 1954 marqua le commencement d’un long processus qui se termina par l’éviction de Nikos Zachariadis en février 1956. Le clivage politique et les étapes de la transition entre l’ancienne forme du communisme et son avatar réformiste ont marqué l’histoire du PCUS puis, après les émeutes des communistes grecs à Tachkent5, celle du KKE. Cette politique soviétique se refléta dans la politique du KKE et déstabilisa ses appareils organisationnels à Tachkent. Panos Dimitriou, un des protagonistes principaux de ces événements parle ouvertement de l’ingérence du PCUS à Tachkent 6 Journal Eleftherotypia, 3 avril 1980. Les disciples antistaliniens de l’équipe de Khrouchtchev voyaient d’un bon œil ces points de vue [la lutte contre Zachariadis et son passé] et favorisaient notre lutte. C’est‑à‑dire nous étions dans le même camp et ils nous ont entourés de leur bienveillance […]6. 9Ce témoignage fut confirmé par une autre source quelques années plus tard, Nicolae Ceauşescu, à l’occasion d’une entrevue qui s’est déroulée le 3 avril 1968, entre le Comité central du Parti communiste roumain PCR et les représentants du CC du KKE, en particulier avec Kostas Koliyannis et Leonidas Striggos, membres du CC du KKE, confirma complètement l’hypothèse de l’ingérence de l’URSS et des partis frères » dans les affaires intérieures du KKE 7 Arhivele Naţionale Istorice Centrale Fonds al PCR – Secţia relaţii ext., dos. 47/1 ... […]. Je vous ai dit tout à l’heure […], dit Ceauşescu, qu’un jour il faudra dire pourquoi on s’est ingéré dans les affaires intérieures de votre Parti en 1956, parce que je suis sûr que lorsque le Parti communiste arrivera au pouvoir en Grèce, il nous blâmera pour cela, et il arrivera à la conclusion qu’on a mal réagi, comme, à l’heure actuelle, on le dit, nous‑mêmes dans le passé, notre Parti a mal réagi [face à cette question] […]7. 10Comment expliquer ce revirement de la politique roumaine face à une question, plus ou moins internationale, orchestrée par le grand frère soviétique » ? Dans les années 1960, la politique roumaine face à l’URSS bouleversa les calculs politiques des Occidentaux. Nicolae Ceauşescu fut perçu en Occident comme un leader soucieux d’indépendance et prêt à rompre ses relations politiques avec l’URSS. Le rapprochement spectaculaire de la Roumanie avec la Chine inquiétait les Soviétiques. Au début de l’année 1967, le conflit sino‑soviétique franchit un nouveau palier dans la tension après le déclenchement de la révolution culturelle » en Chine, les Soviétiques ne pouvaient plus investir politiquement dans une Conférence éventuelle qui aurait pu contribuer à l’unité du camp socialiste. En janvier 1967, le Drapeau rouge, organe officiel du Parti communiste chinois, accusa les révisionnistes modernes » de Moscou d’avoir donné leur appui à la clique antiparti » en s’ingérant dans les affaires intérieures de la République populaire de Chine. Le 9 janvier 1967, dans ses Thèses sur le cinquantième anniversaire de la prise du pouvoir », le CC du PCUS évalua les événements en Chine en qualifiant la révolution culturelle » de tentative visant à substituer au marxisme‑léninisme authentique une phraséologie et des dogmes pseudo‑révolutionnaires ». Au mois de février, plusieurs manifestations eurent lieu à Pékin et à Moscou. Les manifestants se réunirent devant l’ambassade de l’URSS à Pékin et devant l’ambassade de Chine populaire à Moscou. Le danger d’un conflit interne au monde communiste, entre les deux géants du camp socialiste, était une possibilité qui menaçait la stabilité du système communiste ». Face à ce conflit, la position adoptée par Bucarest fut considérée par Moscou comme une initiative contraire aux intérêts soviétiques. Voyons les faits de plus près en février 1967, Ceauşescu donna à la délégation du KKE des informations importantes sur l’étendue du conflit sino‑soviétique 8 Fonds al PCR – Secţia relaţii ext., dos. 9/1967, ff. 31, 32. […]. Les jours où il y a eu des manifestations devant l’ambassade soviétique à Pékin et l’ambassade chinoise à Moscou, nous étions inquiets […] face à la possibilité d’une rupture des relations diplomatiques entre la Chine et l’Union soviétique. Nous avons décidé d’envoyer aux camarades chinois et aux camarades soviétiques un message faisant preuve de notre inquiétude tout en exprimant notre position [demander aux deux Partis] de ne pas procéder à des actions qui aboutiraient à une situation [de non‑retour]. Nous avons soulevé la question de la prise de mesures assurant la mise en place des procédures régulières de la diplomatie officielle. Je vous prie de garder ces informations [pour vous‑mêmes], car il s’agit d’une question strictement interne qui ne sera en aucun cas divulguée. Mais je vous ai donné ces informations afin de vous tenir au courant du résultat de cette initiative. Notre ambassadeur a été reçu par les camarades chinois, par le ministre des Affaires étrangères Chén Yì. Nous avons envoyé un message à Zhou Enlai et à Mao Zedong ainsi qu’à l’Union soviétique, aux camarades Brejnev et Kossyguine. Chén Yì a naturellement dit qu’il faut blâmer les camarades soviétiques et que le message sera transféré à Mao Zedong et à Zhou Enlai […]. Notre ambassadeur a été aussi reçu par les camarades soviétiques, par Andropov il a dit qu’il transférera notre message aux camarades Brejnev et Kossyguine et que la responsabilité repose sur le côté chinois. Il a dit à la délégation roumaine son avis personnel en insistant sur ceci le fait que le message fut envoyé tant aux Chinois qu’aux Soviétiques, sans condamner les Chinois, met en évidence que, pour les Roumains, les Soviétiques sont sur le même pied d’égalité que les Chinois. Selon lui, la responsabilité repose sur le côté chinois […] et, vu sous cet angle, le message n’a pas été bien accueilli par le PCUS. Certes, notre ambassadeur a contesté cette appréciation. Cela s’est produit le 8 février au cours des manifestations […]8 11Ceauşescu s’efforça de mettre en cause la rhétorique officielle défendue par Moscou. Cette dénonciation » du style » historique de la direction du PCUS mit en évidence la politique de Bucarest qui revendiquait de facto son autonomie relative à l’égard de Moscou. Elle prit la forme d’une stricte neutralité vis‑à‑vis des problèmes internes du camp socialiste. De manière significative, cette critique pouvait, sous certaines conditions, bouleverser de fond en comble le principe de dépendance absolue du KKE à l’égard du PCUS. L’argumentation suivante de Ceauşescu ne laissait pas indifférents certains membres du BP du KKE tels que Dimitrios Partsalidis dit souvent Mitsos, et cité comme M. Partsalidis et Panos Dimitriou également membres du secrétariat du Comité central du Parti grec, qui avaient déjà commencé à avoir des doutes en ce qui concerne la politique internationale soviétique Voyons les dires intéressants du leader roumain 9 Ibid., f. 36. […]. Que montrent d’après Marx la pratique du mouvement communiste international et celle du mouvement ouvrier ? Les problèmes sont affichés publiquement et des points de vue sont échangés. Ainsi, une ligne spécifique et un concept idéologique étaient créés, sans conduire à la fusillade de ceux qui exprimaient d’autres points de vue, même si leurs critiques étaient des critiques acerbes. Il est vrai que Marx n’était pas le président d’un gouvernement, je dis cela comme une plaisanterie, mais je suis convaincu que même s’il avait été président du gouvernement, il n’aurait pas agi de la même façon. À titre d’exemple à l’époque de Lénine, pendant la période où le PCUS luttait en vue de prendre le pouvoir, les débats étaient longs jusqu’à l’adoption définitive des thèses par le PCUS. Ainsi a‑t‑il abouti à la cristallisation d’une conception [politique] correcte. C’est pourquoi nous pensons qu’un débat est requis, mais dans le contexte d’une analyse spécifique des problèmes. Nous ne pouvons accepter ni réfuter une opinion en fonction de notre propre opinion, considérant celui qui n’est pas d’accord avec nous comme quelqu’un qui s’oppose à nous. Parce que cela nous amène précisément à ce que faisait l’Église, aussi bien orthodoxe que catholique au lieu d’analyser scientifiquement [les faits] nous arrivons à la confirmation d’un dogme auquel tous doivent croire, et celui qui n’y croit pas est considéré comme hérétique. Est‑ce possible de dire que le vrai marxisme‑léninisme est constitué par ce que […] [dit un seul Parti] ? Je n’ai vu ça ni chez Marx, ni chez Engels, ni chez Lénine […]9. 12La politique de non‑ingérence de la Roumanie dans les affaires intérieures des autres partis frères » était due, selon l’argumentation officielle du PCR, à une réévaluation de l’histoire soviétique. La question de la sincérité certes discutable de ces thèses eut un écho considérable dans la direction du KKE. Elle laissait entendre par là que les courants socialistes centrifuges qui ne mettaient pas en péril la politique extérieure de la Roumanie pouvaient être désormais tolérés par Bucarest. Pour les communistes grecs, les dires du leader roumain revêtirent un sens évident 10 Ibid., ff. 33, 34. […]. Vous connaissez, dit Ceauşescu, l’histoire du PCUS, les luttes [internes] qui datent de l’époque de Lénine et la façon dont elles ont été résolues vous vous rappelez les problèmes avec Trotski et Boukharine. Lénine a résolu ces problèmes dans un esprit qui visait à maintenir le contexte du renforcement et de l’unité [du Parti]. En 1917, vous vous rappelez que Zinoviev et Kamenev furent accusés publiquement parce qu’ils avaient trahi la révolution, mais ils sont restés au pouvoir. Ainsi, Lénine a résolu pratiquement et publiquement ce problème. Par la suite, tout n’a pas été résolu ainsi vous vous rappelez les procès qui ont eu lieu [en URSS] et les révélations du PCUS en 1956 à ce sujet ? [Les Chinois] comment devaient‑ils réagir ? Commencer à condamner l’Union soviétique ou procéder à ce que nous avons fait à l’époque, défendre l’Union soviétique ? En 1937, 1938 et 1939, quand ces procès eurent lieu, nous avons défendu l’Union soviétique, au moment où les choses ne se sont pas résolues de manière démocratique [mais] de manière contraire aux règles du Parti. Pourquoi dis‑je tout ça ? Parce que nous sommes inquiets face aux faits qui se déroulent en Chine. Nous devrions comprendre que la solution n’est pas de commencer à blâmer la Chine en aggravant les choses. Et si nous pouvons aider à trouver une solution, cela signifie ne pas s’ingérer […] dans les affaires intérieures des autres Partis […]10. 13Ces thèses roumaines envenimèrent davantage les luttes internes des communistes grecs qui voyaient apparaître les premières fissures » tangibles dans le camp du socialisme réel ». Plus concrètement, l’année 1967 marqua un tournant très important dans les relations des membres du KKE en dehors du fait que les dirigeants du Parti se disputaient le pouvoir de manière de plus en plus ouverte, la dictature militaire avril 1967 – juillet 1974 força plusieurs militants à s’installer dans les pays de l’Europe occidentale. La dégradation progressive de l’image de l’URSS dans le monde, à la suite du conflit sino‑soviétique, entraîna un flot de contestations contre toute tentative d’extériorisation de la stratégie soviétique dans les Partis communistes occidentaux. L’événement qui servit de catalyseur à ce tournant fut le théorème de l’eurocommunisme. Cette réalité faisait suite à une réorientation complète de la politique de certains Partis communistes occidentaux, à l’instar du PCI, succédant à la politique du monolithisme » qui avait plongé ces Partis dans un état de dépendance idéologique presque complet. La dictature militaire en Grèce aboutit à l’expatriation des militants de la Gauche qui, d’une manière ou d’une autre, allèrent dans les pays occidentaux, en France, en Angleterre, et surtout en Allemagne de l’Ouest, afin d’éviter l’emprisonnement et de lutter pour leurs idées. L’installation des réfugiés politiques grecs dans ces pays facilita leur rapprochement avec les divers courants de l’eurocommunisme. Mais quelle est la relation entre la scission du KKE en 1968 et l’eurocommunisme ? Quel était le rôle de Bucarest et son attitude face à la crise du KKE ? 14Le contexte historique était polarisé par le conflit sino‑soviétique et la nouvelle orientation de la politique extérieure soviétique qui abandonnait le principe de la coexistence pacifique dans les lieux géostratégiques périphériques du globe où la compétition entre les deux superpuissances États‑Unis/URSS devenait plus vive que jamais. Dans ce contexte, la scission du KKE en 1968 faisait allusion aux vieux axiomes soviétiques défendus par Khrouchtchev pluralisme des voies amenant au socialisme, coexistence pacifique, etc.. À cela, il faut ajouter le maintien de bonnes relations » entre l’Union soviétique et la Grèce des colonels qui, selon le Kremlin, ne signifiait aucune réconciliation idéologique avec le régime ». 11 Pour de plus amples informations sur ces questions, voir Nikos Papadatos, 2016, les communistes gr ... 15Kostas Koliyannis devint Premier secrétaire du KKE après l’éviction de Zachariadis. Dimitrios Partsalidis, l’un des anciens membres du Parti accusé de fractionnisme » à partir de 1956, fut à nouveau membre du Bureau politique et du Secrétariat du KKE et l’un des interlocuteurs privilégiés du PCUS après la destitution de Zachariadis et l’arrivée de Khrouchtchev au pouvoir en Union soviétique. Ces deux personnages se disputaient le pouvoir au sein du Parti. Les racines de leur conflit étaient dues à l’histoire récente du KKE. Après la fin de la guerre civile, en 1951, un nouveau parti, la Gauche démocratique unifiée EDA, avait vu le jour en Grèce. Entre‑temps, le gouvernement d’Athènes avait décrété l’abolition juridique, c’est‑à‑dire l’interdiction, du Parti communiste dès 1947. En apparence, de 1964 à 1968, la querelle entre Koliyannis et Partsalidis concernait les formes de réorganisation des forces communistes en Grèce, Koliyannis voulait que les communistes luttent en faveur de la légalisation de facto du KKE tandis que Partsalidis favorisait plutôt l’alliance avec l’EDA, à laquelle participaient aussi des forces plus centristes » à tendance socialiste. Néanmoins, au fond, ce duel reflétait les différentes stratégies soviétiques par rapport à la Grèce et la dépendance absolue des communistes grecs à l’égard du Kremlin11. 16Les opinions de Partsalidis et de Dimitriou – approuvées par Zisis Zografos, membre de la direction du KKE –, en matière d’organisation du KKE, avaient été explicitement dénoncées par la direction soviétique au cours du 12e Plénum qui se tint à Budapest du 5 au 15 février 1968. La lettre des Soviétiques stipulait Chers camarades, Nous avons soigneusement étudié les lettres du camarade Partsalidis envoyées le 10 novembre 1967 et le 18 janvier 1968, au CC du PCUS. Considérant que les problèmes soulevés par le camarade Partsalidis sont une affaire intérieure qui concerne exclusivement votre Parti, le CC du PCUS ne voit pas l’intérêt d’analyser sa position particulière en matière de questions d’organisation, face auxquelles le Comité central du KKE s’est déjà exprimé en adoptant une décision collective. Pour la même raison, nous ne pensons pas qu’il soit approprié d’accueillir au CC du PCUS le camarade Partsalidis en vue de procéder à une discussion qui porterait sur ces affaires. Comme vous le savez bien, lors des successives réunions d’amitié entre les représentants de nos Partis, qui ont toujours eu lieu dans une atmosphère de compréhension mutuelle et sincère [...], le CC du PCUS s’est fermement exprimé en faveur de la politique et de la tactique adoptées par le CC du KKE [...]. 12 KKE, 2008, Η 12η Ολομέλεια η ΚΕ ου ΚΚΕ, 5‑15 Φλεβάρη 1968, πρακικά [Le 12e Plénum du KKE, du 5 ... Guidés par les relations de sincérité et de confiance établies entre nos deux Partis, nous avons échangé, à la demande des camarades grecs, des points de vue et des avis sur des questions qui furent abordées par le 8e et le 10e Plénum du CC du KKE. D’après nous, la vie a confirmé la justesse de la ligne politique adoptée par le CC, lors du 8e et du 10e Plénum du KKE. Cela semble particulièrement clair maintenant, à la lumière des récents événements tragiques en Grèce, provoqués par la mise en place d’une dictature militaro‑fasciste dans le pays [...]12. 17Face à cette intervention, la troïka », Partsalidis, Dimitriou et Zografos, prit l’initiative de défendre le passé récent du Parti de 1956 à 1968 en proclamant, dans une lettre radiodiffusée, son attachement aux principes du XXe Congrès du PCUS et en accusant le putsch » du 12e Plénum de restaliniser » le Parti en souplesse. Voici le contenu de cette lettre 13 Tasos Vournas, 1983, Η διάπαη ου ΚΚΕ [La scission du KKE], Αθήνα ολίδη, p. 81. […]. Ainsi, 12 ans après le 6e Plénum du Comité central de 1956, le camarade Koliyannis et son groupe, représentant le conservatisme et la stagnation dogmatique, tentent‑ils d’achever le parcours d’éloignement de l’esprit du 6e Plénum et le retour au régime politique anormal du passé qui a engendré tant de maux au KKE et au mouvement populaire de notre pays13. 18Persécutés par le KKE, qui avait déjà acquis l’aide multiforme de Moscou, les dissidents » n’avaient plus qu’une solution le recours à l’aide du Parti roumain. Les autorités roumaines leur octroyèrent une aide camouflée » qui, à ce stade de la bataille interne, fut inappréciable. Le dialogue suivant est significatif à cet égard […]. Le camarade Zografos — Si Koliyannis n’avait pas une aide de l’extérieur, il n’existerait pas aujourd’hui. C’est la vérité […]. Le camarade Nicolae Ceauşescu — Que voulez‑vous que fasse la Roumanie ? Et je sais une chose vous ne devriez pas adopter une ligne [politique] reconnaissant l’existence d’un nouveau Comité central. Ce n’est pas bon. Le camarade Zografos — Nous l’avons clairement indiqué dans notre lettre. Nous voudrions avoir la capacité d’aller dans d’autres pays. Le camarade Nicolae Ceauşescu — Que pouvons‑nous faire ? Le camarade Zografos — Des passeports. Cela aurait une signification. Le camarade Nicolae Ceauşescu 14 Fonds al PCR – Secţia relaţii ext., dos. 48/1968, f. 7. Conversation sténographiée e ... — Je vous ai dit que des passeports vous seront délivrés14. 19La création d’un nouveau Parti était‑elle directement due à l’aide roumaine ? Il ne semble pas. L’idée d’un nouveau Parti indépendant avait été énoncée depuis longtemps par certains membres de la Collectivité de Tachkent. Comment pouvons‑nous expliquer ces événements ? Ainsi que l’avait écrit dans son journal, en mars 1968, l’un des plus ardents partisans de ce mouvement contestataire, Mpeikos Georgoulas, le correspondant du journal d’Avgi à Moscou 15 Journal inédit de Mpeikos Georgoulas, 31 mars 1968, manuscrit. […]. Les trois camarades [M. Partsalidis, Z. Zografos et P. Dimitriou] portent une grande responsabilité de la période qui a succédé au 6e Plénum de 1956, et qui a conduit mathématiquement à une recrudescence de la situation. Ils ont toléré, ils n’ont pas vu, ils ont contribué [à ce qui s’est passé]. Ils ont réagi lorsque ce groupe [K. Koliyannis et le BP du KKE] a foulé aux pieds leur bonne foi, quand ils leur ont mis le couteau sous la gorge. Telle est l’amère vérité pour tous les trois. Quand le couteau du manque de démocratie, des abus et de la violation de nos principes coupait la gorge des autres, cela ne faisait, bien entendu, aucun mal. Ils restaient calmes. Certes, cela ne doit pas nous conduire au nihilisme. Il faut en tirer la leçon nécessaire. [Il faut] dire au Parti les personnes qui dirigent le Parti doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas avoir seulement des droits, mais qu’ils assument, par nous tous, de lourdes responsabilités. On doit, avant tout, élever le sens de la responsabilité des gens qui dirigent le Parti. On souffre de son absence. Parallèlement, tous les membres du KKE, nous devrons faire sentir nos responsabilités arrêter de jouer le rôle d’imbéciles » […] et parler avec franchise et courage. Chaque membre du Parti, en levant la main pour approuver ou repousser une décision, une action, etc., doit penser à sa responsabilité vis‑à‑vis du peuple grec. Si tel n’est pas le cas, il vaut mieux que ce membre renvoie sa carte du Parti, sinon on peut penser qu’il la garde pour en tirer profit […]15. 20Ce témoignage inédit est suffisamment parlant la dépendance était diachroniquement le facteur de cohésion de la direction du KKE. En réalité, 1968 n’a pas été le moment d’une véritable révolution culturelle », ou d’une insurrection héroïque contre le soviétisme », mais le moment où le couteau » du limogeage politique a été mis sous la gorge » des trois protagonistes principaux qui revendiquèrent, à la dernière minute, leur propre émancipation, ou leur propre sauvetage politique. Les communistes grecs, leur scission et les Roumains 21En 1968, les communistes grecs ne considéraient plus l’URSS comme le pilier central de la révolution mondiale. En effet, le désarroi de 1956 avait laissé son poison sécessionniste et les membres de la diaspora du KKE étaient restés relativement impassibles face aux émeutes tragiques de Tachkent. Leur survie personnelle et la protection de leur famille étaient leur préoccupation première. La crise fut manifestement l’effet d’une crise plus générale celle de l’aliénation du socialisme réel ». En d’autres termes, la crise du mouvement communiste mondial fut aussi reflétée par la scission du KKE. Tout débat idéologique ultérieur lié, d’une part, à la dispute des marxistes‑léninistes » contre les opportunistes », thèse défendue par le KKE, et de l’autre, à la lutte des forces rénovatrices » contre les dogmatiques » prosoviétiques, axiome soutenu par le Parti communiste de l’intérieur », ne fut qu’une réminiscence idéologique produite par deux théories constructivistes dérivées plutôt du mythe post‑sécessionniste du KKE, où chacun des porteurs principaux semblait éprouver le besoin de se justifier, que de la réalité objective. 22L’eurocommunisme, censé être à l’origine de la scission, a influencé la base – et non la direction qui prit l’initiative de la scission – du Parti communiste de l’intérieur tardivement, a posteriori. En dehors du fait que Partsalidis, Dimitriou et Zografos n’étaient que des hommes politiques de terrain sans aucun lien organique avec la théorie », deux sources mettent en lumière les traces des liens du PC de l’intérieur avec l’eurocommunisme. La première est ici une lettre que, le 21 août 1968, Partsalidis envoya au Comité central du PCR Au Comité central du Parti communiste roumain Chers camarades, 16 ASKI, Archives du KKE, K. 382, 20/32/127, f. 1. À propos de la situation extrêmement critique créée après l’entrée des forces armées de cinq pays socialistes dans la République socialiste de Tchécoslovaquie, nous avons besoin de vous contacter pour vous exposer la position que nous adoptons à l’égard de ces événements tragiques et de demander votre opinion sur certaines questions qui nous préoccupent directement […]16. 23Comme on le sait, en 1968, Nicolae Ceauşescu avait tenu tête aux Soviétiques en s’opposant à l’invasion de Tchécoslovaquie et, chose encore plus grave, en refusant d’intervenir à Prague. Cette politique audacieuse avait certainement réussi à réunir autour de sa stratégie hérétique » un large consensus qui dépassait l’horizon de ses ambitions nationales. Dans ces circonstances historiques, les communistes grecs proroumains, nommés de l’intérieur », suivirent son projet après avoir manifesté leur désaccord avec Moscou. En effet, le 5 septembre 1968, le Bureau de l’intérieur » s’aligna sur les thèses roumaines et dénonça l’invasion soviétique. C’est le moment où les liens politiques entre les dissidents » et les Soviétiques se coupèrent définitivement. De surcroît, l’aide octroyée par Bucarest aux communistes de l’intérieur » était significative, comme en témoigne la lettre suivante de Nikos Kentros, membre du CC du PC de l’intérieur Note Au Département des relations internationales du Parti communiste roumain Camarade Ghizela, Chers camarades, Grâce à votre aide inappréciable, nous avons acheté jusqu’à présent par le biais de Virement » [transfert, avec subside de la Roumanie] une série d’anciens objets populaires par des magasins correspondants. Ces objets nous ont donné la possibilité d’ouvrir un magasin spécial en Belgique. En exploitant ces objets, nous avons eu l’occasion d’obtenir une source de revenus pour les besoins du Bureau de l’intérieur en Grèce. Cette fois‑ci, nous vous prions de nous aider à acheter certains vieux meubles par le biais de Virement » et à les envoyer par votre organisation du commerce extérieur Libri ». Le besoin d’achat de ces meubles est aussi expliqué par le fait que les vieux articles d’art ne sont pas vendus par consignation du fait qu’ils ne sont pas contrôlés par le Musée. 2. X. 1971 Salutations fraternelles Pour le CC du PC de l’intérieur 17 ASKI, Archives du KKE, K. 382, 20/32/183, f. 1 [souligné par nous]. N. Kentros17. 24Il s’ensuit que les Roumains veillèrent à la survie économique de leurs protégés grecs par les voies les plus invraisemblables. Parallèlement, Ceauşescu visait à réformer l’économie de son pays en jouant l’honnête courtier » entre l’Est et l’Ouest. Moscou n’était pas forcément contre cette tendance centrifuge. Dans la mesure où les Soviétiques refusaient de concéder à la Roumanie un statut important, à part entière, au sein du pacte de Varsovie, l’Union soviétique n’avait rien à craindre du côté roumain. Comme l’a souligné François Fejtö 18 François Fejtö, 1992, la fin des démocraties populaires, op. cit., p. 93‑94 [souligné par nous]. Dans les années 70, la relative insubordination de la Roumanie favorisait autant l’image du camp socialiste et de l’URSS que la libéralisation » pratiquée parallèlement par les autorités polonaises ou hongroises. Les liens entretenus par le régime de Ceauşescu avec bon nombre de pays d’obédience marxiste‑léniniste et d’organisation de libération nationale dans le tiers‑monde facilitaient le développement de leurs contacts avec l’URSS là où une responsabilité directe de Moscou aurait pu être mise en cause. Last but not least, le développement des échanges commerciaux avec les pays occidentaux a permis le transit par la Roumanie d’équipements et de technologies autrement inaccessibles à l’Union soviétique18. 25La création du KKE de l’intérieur n’était pas l’acte qui conduirait à un mouvement de contestation populaire avec comme objectif la chute du régime d’Athènes ; la survie du KKE dans les démocraties populaires et l’URSS, sous la mainmise contraignante des Soviétiques, ne renvoyait pas non plus à une lutte de fait contre la junte militaire des colonels. Au contraire, le PCR contrôlait la lutte antidictatoriale des communistes de l’intérieur, et, par ce biais, les Soviétiques avaient toujours un droit de regard sur les activités antidictatoriales tant du KKE que du KKE de l’intérieur ; il s’agit d’un contrôle par procuration ». 26En second lieu, l’eurocommunisme » du KKE de l’intérieur découla plutôt des circonstances politiques des années 1970 que de la volonté des communistes de l’intérieur de se débarrasser des rouilles du dogme » soviétique ; ce fut une perspective à atteindre plus qu’un projet théorique résolu. Comme l’a écrit Zisis Zografos, le 26 janvier 1971, au Comité central du PC de l’intérieur 19 ASKI, Archives du KKE, K. 382, 20/32/169. Le 22 janvier 1971, j’ai rencontré à l’aéroport de Rome le camarade Segre, le jeune responsable du département des relations internationales du CC du Parti communiste italien il attendait une délégation étrangère d’un parti frère. On se connaissait bien avant la scission […]. Il a également posé des questions sur la situation actuelle dans le KKE. Il m’a dit qu’ils voulaient avoir un contact plus effectif avec nous. Pour répondre spécifiquement à la question de la meilleure préparation d’une manifestation plus générale au printemps concernant la mobilisation de forces plus larges, en vue de lutter contre le régime actuel en Grèce. Il m’a proposé de lui rendre visite à son bureau quand je vais revenir à Rome19. 27Dans ces conditions, le PC de l’intérieur, entièrement prisonnier entre les objectifs mondiaux soviétiques et les intérêts périphériques roumains, cherchait désespérément à trouver des appuis politiques. L’appropriation, après coup, de l’eurocommunisme de la part des communistes grecs de l’intérieur » fut le résultat de la contingence historico‑politique des années 1970, et non le point de départ d’une lutte libératrice contre la soumission soviétique ». Conclusion 28La transmission de la tradition historique, exprimée en l’occurrence par la narration historiographique des deux Partis grecs, établie après la scission du KKE, entrava la transmission de la connaissance historique. Les uns disaient que les rénovateurs s’opposèrent aux dogmatiques » tandis que les autres insistaient sur la cause juste du marxisme‑léninisme » qui, de bon droit, luttait contre l’opportunisme ». Nous pouvons dire que les deux interprétations sont, du point de vue historique, fausses. Cela ne signifie pas que, du point de vue idéologique, ces deux explications » ne puissent avoir des effets concrets tant que les collectivités existent, les idéologies se répercutent dans le temps et dans l’espace, mais, et sans vouloir insinuer que l’histoire soit une science entièrement exempte de toute référence à une conception du monde, ces deux perceptions, historiquement parlant, sont fondamentalement erronées. 29En 1949, les communistes grecs ont dû faire face à une défaite stratégique dont les séquelles allaient décomposer leur unité ainsi que leurs perspectives révolutionnaires, au moins à brève échéance. Ensuite, le XXe Congrès du PCUS 1956 a imposé au sein du KKE la dézachariadisation » du Parti. La première conséquence en fut la désintégration de la base du Parti qui, en dépit des théories confuses liées à la nature démocratique des Partis de type nouveau », avait été largement influencée par les luttes et les symboles du passé. L’éradication soviétisée de ces symboles, les décrets prosoviétiques, transformant les icônes révolutionnaires du passé en figures contre‑révolutionnaires » et antisoviétiques », créèrent les conditions qui permirent l’émergence d’une série de luttes et d’escarmouches politico‑idéologiques, et scindèrent en plusieurs factions antagoniques les collectivités des réfugiés politiques comme les militants qui se trouvaient dans les prisons de Grèce. 30D’un autre côté, cette période posa les jalons d’un humanisme diffus. En 1968, sous la pression du changement progressif de la politique extérieure de l’URSS et des problèmes du camp socialiste, ce courant humaniste se scinda en deux le courant apologétique s’aligna sur la politique du PCUS ; le courant centrifuge chercha à se cramponner à la politique de Bucarest pour subsister politiquement et économiquement. Dans les deux cas, leur dépendance était absolue. L’axe moscovite et l’axe roumain n’étaient que la preuve de la défaite définitive des communistes grecs dans cette conjoncture historique précise, polarisée par la guerre froide. En d’autres termes, les problèmes du camp socialiste et ceux de l’URSS eurent leur écho au sein du KKE. Aussi, la scission du KKE contenait‑elle en germes les graves potentialités de la dissolution de l’URSS, qui s’avéra incapable – sauf lorsqu’elle parvint à contrebalancer les effets d’une crise par le recours à la force armée, comme ce fut le cas de l’invasion d’août 1968 à Prague –, d’exercer politiquement un pouvoir de dissuasion susceptible d’empêcher la scission du KKE.
Lasituation n’est pas meilleure dans la région d’Evros, le long de la frontière terrestre gréco-turque, où les autorités ont bloqué l’entrée de près de 10 000 migrants en seulement 24 heures. Un collaborateur de CNN Grèce, Kostas Pliakos, affirme qu’il a été frappé par des habitants et que son téléphone a été volé. La
Surtout, se prémunir de tout syndrome Mattéi ». Du nom de l'ancien ministre de la Santé, Jean-François Mattéi qui avait cristallisé en 2003 les critiques sur un gouvernement trop lent à prendre la mesure de la catastrophe, celle d'une canicule qui devait faire plus de morts . Pour la deuxième fois en moins d'un mois, la Première ministre s'est rendue ce jeudi en Gironde sur le front du plus violent des huit incendies massifs qui frappent actuellement la Borne y était déjà mi-juillet, avant que le chef de l'Etat s'y rende lui-même quelques jours plus tard. Le département du sud-ouest, qui a vu brûler près de hectares le mois dernier, a vu repartir l'un des deux mégafeux. Près de hectares ont brûlé depuis mardi, touchant aussi les Landes. La reprise des incendies en Gironde est un choc », a assuré la Première ministre, qui a promis une action sur tous les fronts pour lutter encore mieux à l'avenir contre les incendies ».L'Europe au secours de la France Plus de pompiers et personnels de la sécurité civile sont mobilisés contre les flammes », a fait savoir Emmanuel Macron via Twitter. Des pompiers fatigués par des semaines de lutte intense, prévenait la veille le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a demandé aux entreprises et aux administrations de libérer au maximum les pompiers volontaires .Le président français, qui suit l'évolution des feux depuis le fort de Brégançon, a aussi salué l'aide apportée à la France par plusieurs pays européens. Des Canadair grecs étaient attendus, des avions suédois et des renforts aériens sont mobilisés par la Commission européenne, ainsi que des moyens terrestres d'Allemagne, de Pologne, d'Autriche et de a ainsi annoncé qu'elle allait envoyer 146 sapeurs-pompiers, qui devraient arriver vendredi avec 49 véhicules selon l'Elysée. L'Allemagne doit de son côté envoyer 64 pompiers et 24 véhicules prévus dès ce jeudi la Grèce, la Pologne, et dans les prochaines heures la Roumanie et l'Autriche nos partenaires viennent en aide à la France face aux incendies. Merci à eux. La solidarité européenne est à l'oeuvre !— Emmanuel Macron EmmanuelMacron August 11, 2022 Comme en juillet, l'Italie reste solidaire avec la France. Plusieurs Canadair arrivent pour soutenir les pompiers français et européens mobilisés sur notre territoire », a également indiqué le chef de l'Etat. La solidarité européenne joue pleinement son rôle dans cette crise », a confirmé Elisabeth Borne, qui a assuré que jamais on n'avait mobilisé autant de moyens aériens ».Au-delà de l'urgence, la Première ministre, venue accompagnée du ministre de l'Intérieur et de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Bérangère Couillard , a redit que le gouvernement allait travailler sur le renforcement des moyens de la sécurité civile, notamment dans la loi de programmation que le ministre de l'Intérieur présentera à la rentrée avec une planification sur le quinquennat des renforts qu'on va donner à notre sécurité civile, naturellement en lien avec les collectivités locales », a-t-elle expliqué. Cette feuille de route budgétaire, dévoilée en pleine campagne présidentielle, prévoyait déjà 15 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour les cinq années à la forêtAlors que plus de hectares sont déjà partis en fumée cette année, l'une des pires depuis le début du siècle, marquée par une sécheresse historique et des canicules qui se sont enchaînées ces dernières semaines, celle qui fut un temps ministre de la Transition écologique sous le précédent quinquennat a clairement fait le lien avec le réchauffement climatique. Selon elle, il faut se préparer à des événements dont on sait très bien qu'ils sont aussi liés au dérèglement climatique ». Tout le gouvernement est mobilisé », a-t-elle insisté. Il travaille donc aussi au chantier national de replantation annoncé en juillet par Emmanuel Macron . Nous devons réfléchir à la façon dont nous devons replanter la forêt, aux espèces, à la façon de gérer la forêt demain », a suggéré Elisabeth Borne, en indiquant que le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, était mobilisé sur cette question ».Obligations de débroussaillementSans évoquer de pistes privilégiées, elle a souligné que, dans un premier temps, l'Etat allait se montrer plus vigilant » sur la mise en oeuvre des obligations de débroussaillement . Une mesure de prévention trop peu appliquée, pointaient les sénateurs dans un rapport publié la semaine la cheffe du gouvernement a rappelé qu'un nouveau plan national d'adaptation au changement climatique sera mis en concertation à la rentrée. Il faut qu'on continue plus que jamais à lutter contre le dérèglement climatique »..