Une trĂšs belle "tune" rĂ©unissant les Français Kery James et Grand Corps Malade ainsi que la QuĂ©bĂ©coise Zaho... Un peu de piano, une jolie mĂ©lodie et un beat...quoi de mieux pour faire un morceau touchant? Ce n'est pas une dĂ©couverte, ce n'est pas rĂ©cent...mais c'est et ça restera un incontournable Ă mon sens. Ăcrire...pour ĂȘtre entendu, pour exorciser, pour le partage simple et sain des expĂ©riences et des Ă©motions... "Ăa fait du sens"!!!! ; Bonnes Ă©coute et lecture...bonne journĂ©e Ă tous, des becs du QuĂ©-bec!!! Paroles Kery James Titre J'ecris Feat Zaho et Grand Corps Malade Album A l'ombre du show business Si je ne pouvais Ă©crire je serais muet CondamnĂ© a la violence dans la dictature du secret SubmergĂ© par tous ces sentiments sans mots Je m'effacerais comme une mer sans eau Ma vie ne serait pas la mĂȘme Aussi vrai que j'aurais pu prendre la tienne Mon talent s'est corrompu dans l'illicite OĂč les instants de bonheur sont des Ă©clipses Lorsqu'ils ne sont pas des ellipses Alors j'ai Ă©cris dans l'urgence Comme si ma vie en dĂ©pendait sous les sirĂšnes des ambulances J'ai Ă©crit par instinct, par survie Je me suis surpris a Ă©crire afin de supporter la vie Yeah, trop de moi dans mes Ă©crits Peut ĂȘtre que je n'Ă©cris plus, je m'Ă©cris J'abandonne mon ĂȘtre Ă mes lettres Car l'Ă©criture sans Ăąme n'est que lettres Je n'Ă©cris pas que pour m'oublier Parfois j'Ă©cris pour qu'ils ne puissent jamais oublier Pour qu'ils ne puissent jamais nier le martyre des braves Soudain j'Ă©cris des volcans que je grave Ă l'encre de lave Je ne fait que de la musique pour vibrer, faire vibrer les cĆurs criblĂ©s Je n'Ă©cris que pour dire vrai Si je n'avais eu les mots, que serais-je? Sur le banc des mĂ©lancoliques, ma poĂ©sie siĂšge Entre le marteau et l'enclume J'ai du aiguiser ma plume Quand je suis perdu dans la brume Je fais chanter mon amertume Alors j'Ă©cris, je crie, j'Ă©cris J'ai pas le choix j'Ă©cris, je crie, j'Ă©cris Comme une dĂ©dicace au slam, ça commence a capella Toutes ces voix qui dĂ©crassent l'Ăąme, toutes ces voix qui m'ont amenĂ© lĂ Si tout Ă coup mes mots s'envolent, c'est parce que le beat atterrit Moi j'ai pris ma plus belle plume pour pouvoir rĂ©pondre a Kery Et quand le piano redĂ©marre, c'est pour souligner nos errances Si j'Ă©cris c'est pour mettre face Ă face mes regrets et mes espĂ©rances Seul sur scĂšne, face a la salle ne crois jamais que je me sens supĂ©rieur Si tu ne vois jamais mes larmes, c'est parce qu'elles coulent a l'intĂ©rieur Y a trĂšs peu de certitude dans mes Ă©crits Mais si je gratte autant de texte, c'est que mon envie n'a pas maigri Envie de croire qu'Ă notre Ă©poque, les gens peuvent encore s'Ă©couter LĂ oĂč j'habite y a trop de gamins que la vie a dĂ©jĂ dĂ©goutĂ©s J'Ă©cris, parce que les Ă©preuves m'ont inspirĂ© J'Ă©cris comme tout ces mĂŽmes que le bitume a fait transpirĂ© Si y a tant de jeunes dans nos banlieues qui dĂ©cident de remplir toutes ces pages C'est peut ĂȘtre que la vie ici mĂ©rite bien quelques tĂ©moignages J'Ă©cris, parce qu'il suffit d'une feuille et d'un stylo Comme le dernier des cancres peut s'exprimer pas besoin de diplĂŽme de philo J'Ă©cris surtout pour transmettre et parce que je crois encore au partage A l'Ă©change des Ă©motions, un sourire sur un visage On changera pas le monde on est juste des chroniqueurs D'un quotidien en noir et blanc qu'on essaye de mettre en couleurs Mais si on ne change pas le monde, le monde ne nous changera pas non plus On a du cĆur dans nos stylos et la sincĂ©ritĂ© comme vertu Entre le marteau et l'enclume J'ai du aiguiser ma plume Quand je suis perdu dans la brume Je fais chanter mon amertume Alors j'Ă©cris, je cris, j'Ă©cris J'ai pas le choix j'Ă©cris, je cris, j'Ă©crisPhilippe votre vie durant, vous oeuvrez pour LA PERSONNE EN DEVENIR. Il est vrai que je ne connais pas trĂšs bien votre travail mais, d'aprĂšs vos dires et vos Ă©crits, votre personnalitĂ© transparait : vous ĂȘtes une personne de morale, de parole, d' de lumiĂšre et ce, dans tous les sens du terme. Vous Ătes Ici - Ădith Amsellem - Cie ERd'O Théùtre, Spectacle, MusiqueïMarseille 13000ïDu 04/10/2022 au 05/10/2022Vous ĂȘtes ici est une cĂ©lĂ©bration du spectacle vivant. Une procession festive autour de ce qui nous rassemble, spectateurs et spectatrices, pour un temps donnĂ© et dans un mĂȘme lieu la salle de spectacle. Et pas n'importe laquelle, non, celle-lĂ , celle du Zef ! En entremĂȘlant numĂ©ros et chansons, intermĂšdes jouĂ©es, racontĂ©es ; rĂ©cits vrais, fantasmĂ©s, enjolivĂ©s, Vous ĂȘtes ici devient alors une grande cĂ©rĂ©monie qui dĂ©sosse le théùtre, ce théùtre, sa carcasse, ses murs, son plateau et l'envers du dĂ©cor... Dans ce show entre théùtre, danse et musique, dâautres grands noms, comme Pina Bausch, RomĂ©o Castellucci, Angelica Liddell, Ariane Mnouchkine et Claude RĂ©gy, sont convoquĂ©s⊠Tout se superpose et se frictionne, on se dĂ©lecte de cette subtile matiĂšre, car, ne l'oublions pas, Vous ĂȘtes ici avec Ădith Amsellem, et ici, rien n'est jamais lisse. Un rassemblement qui a, finalement, tout dâun hommage amoureux adressĂ© Ă cette machine Ă rĂȘver, Ă cet art du théùtre. Le spectacle vivant et Le Zef comme vous ne les avez jamais vus ! CrĂ©ation 2022 PremiĂšre de crĂ©ation DurĂ©e 2h Ăge â„ 12 ans Vouscherchez un site qui compte les mots et caractĂšres de vos Ă©crits en quelques secondes ?. Alors vous ĂȘtes au bon endroit. Vous avez ici, lâoutil idĂ©al pour vous tous les types dâĂ©crits. 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Ton soutien est un beau cadeau Ton geste gĂ©nĂ©reux et dĂ©sintĂ©ressĂ© est une preuve de ta belle amitiĂ© Mille mercis Ă toi mon amie que jâaime et Ă qui Ă©normĂ©ment je tiens Ce message sms de remerciements te dit combien ton aide est apprĂ©ciĂ©e Textes de remerciements simples Que ces quelques mots dâamitiĂ© tâexpriment ma gratitude et ma reconnaissance en retour Ă ce service rendu. Le proverbe dit bien Câest dans les moments difficiles que lâon reconnait les amitiĂ©s sincĂšres. » Ton geste et ton aide sont lâexpression dâune amitiĂ© sincĂšre et gĂ©nĂ©reuse. Que ta bontĂ© et ta gĂ©nĂ©rositĂ© te soient rendues au centuple. Ma reconnaissance est infinie. Te dire merci avec un message simple est ma façon de te signifier ma grande reconnaissance. Quand lâaltruisme et le soucis de lâautre habitent aussi bellement une personne câest que cette personne est un ĂȘtre de sagesse emplie dâhumanitĂ©. Merci pour tout, Merci sincĂšre et fraternel⊠Je te suis trĂšs reconnaissante Mon amie fidĂšle et prĂ©cieuse. Comment remercier une personne que lâon aime plus que tout au monde? Comment lui Ă©crire un message dâamour de remerciement qui exprime vraiment lâintensitĂ© de nos sentiments pour elle? Peut-ĂȘtre simplement en lui disant Merci Mon Amour ! Merci Je tâaime comme personne ne tâa jamais aimĂ© Infiniment⊠Voir Ă©galement nos modĂšles de Messages Bonne AnnĂ©e Je tâaime Mon Amour Remerciements PrĂȘt dâargent Alors que jâĂ©tais dans le besoin et dans la difficultĂ© financiĂšre, tu mâas prĂȘtĂ© de lâargent avec confiance⊠Alors que jâĂ©tais un peu comme la Fourmi de La Fontaine et toi comme la Cigale, tu mâas prĂȘtĂ© de lâargent sans douter. Ta gĂ©nĂ©rositĂ© sans limite est Ă lâimage de la beautĂ© de ta personne Gentille, gĂ©nĂ©reuse avec le cĆur sur la main⊠Merci dâĂȘtre mon Ami Lire aussi notre modĂšle de Lettre de demande de lâargent Ă une personne Citations Remerciement Ă offrir Ă une personne que lâon veut remercier Ces modĂšles de Citations pour dire merci constitueront de beaux Sms afin dâexprimer sa reconnaissance Ă quelquâun qui vous a apportĂ© son aide ou son soutien dans un moment difficile et douloureux. Une citation de remerciements est une belle façon de remercier Courte Citation Remerciements La plus belle façon de remercier une personne est de lui dire Je tâaime avec le coeur Citation Merci fraternel Les mots de remerciements les plus sincĂšres sont ceux que lâon ne prononce pas mais quâon exprime avec la reconnaissance dâun regard fraternel. Citation Merci Amical Dire Merci Ă un Ami câest lui dire tu es mon frĂšre! Un mot de remerciement Ă un Ami est une parole fraternelle qui sâenvole dans le ciel pour fleurir le Paradis. Belle Citation Remerciements Ă ses parents Remercier ses parents devrait ĂȘtre un devoir qui sâimpose Ă chaque enfant Dire Merci Ă ses parents câest leur exprimer une reconnaissance infinie en retour de tout lâamour donnĂ©, leur don de soi! Malheureusement les enfants sont ingrats et oublient leurs racines en ne pensant quâaux fruits Ă venir de leur arbre de vie. Ces modĂšles de textes de voeux Bonne annĂ©e Ă ses parents vous permettront de leur envoyer un beau message Ă lâoccasion des fĂȘtes de fin dâannĂ©e Les plus beaux messages de remerciements sont ceux Ă©crits avec lâencre de lâamour et la plume de lâhumanitĂ©. LâHomme nâest pas forcĂ©ment un loup pour lâhomme! LâHomme parfois est un ange gardien pour son frĂšre en humanitĂ©âŠ
On met souvent sur le compte de Richelieu cette parole patibulaire Quâon me donne six lignes Ă©crites de la main du plus honnĂȘte homme, jây trouverai de quoi le faire pendre. Si quelquâun a dit cela pendant ce rĂšgne, câest Laubardemont certainement, ou bien encore LaffĂ©mas. Richelieu ne descendait pas Ă ces dĂ©tails de justicier farouche et de bourreau en quĂȘte de supplices. Ădouard FournierLe Dico des citationsCesmots ne sont pas de moi, je n'en connais pas l'auteur, mais j'ai trouvĂ© cette formule si joli que je voulais vous en faire partager. Alors je vous souhaite en prioritĂ© a santĂ© et le reste peut ĂȘtre une pincĂ©e de chaque et l'annĂ©e n'en sera que plus belle, il y en a qui le mĂ©rite tellement. Alors prenez surtout le temps de dire Ă ceux qui vous sont chers Ă quel point vous les aimez A voir le nombre de lectures la semaine derniĂšre, notre petite rubrique de vacances vous plaĂźt... Alors on continue !Cette semaine, la question existentelle posĂ©e aux Ă©crivains est Pourquoi Ă©crivez-vous ? » Je leur laisse la parole. Douglas Kennedy, mai 2007 Pour raconter des histoires ! Pour moi, la fonction dâun Ă©crivain est double. Il doit dâabord Ă©crire des histoires pour les lecteurs; mais il doit mettre dans ces histoires les tensions et les inquiĂ©tudes de la vie moderne. Je nâĂ©cris pas pour raconter la vie. Il y a 20 ans, quand je commençais Ă Ă©crire, jâai essayĂ© quelques romans autobiographiques. CâĂ©tait nul. Jâai dĂ©couvert que si on veut recrĂ©er sa vie comme romancier, on Ă©crit des romans ratĂ©s. » dans Lire, dernier roman La femme du VĂšme ». Marie Darrieussecq, juin 2007 Mon mĂ©tier, mon arme, mon rĂŽle, câest Ă©crire. Pas plus pas moins. Je cherche Ă inventer de nouvelles formes, Ă Ă©crire de nouvelles phrases, parce que c'est le seul moyen de rendre compte du monde moderne, dont le mouvement sinon nous dĂ©passe sans cesse, demeurant illisible, incomprĂ©hensible. En ce sens toute Ă©criture exploratrice, novatrice, est politique mĂȘme apparemment Ă©loignĂ©e du "rĂ©el", des "Ă©vĂ©nements", elle fournit le langage moderne, elle bĂątit les outils verbaux et mentaux qui permettent de penser le monde. Elle fait rendre gorge au prĂȘt-Ă -penser, au dĂ©jĂ dit. » dans Livres Hebdo, dernier roman Tom est mort ». Paul Auster, fĂ©vrier 2007 Parce que jâaime raconter des histoires. Je ne me considĂšre pas d'abord comme un romancier mais comme un raconteur dâhistoires ». Mais, bien sĂ»r, un raconteur dâhistoires est quelqu'un qui utilise la fiction, les mots, et devient, par lĂ mĂȘme, ce quâon appelle un romancier. Mais je cherche Ă raconter la meilleure histoire possible, pas Ă faire passer telle ou telle idĂ©e. Bien sĂ»r, une histoire est plus agrĂ©able si elle est accompagnĂ©e de mĂ©taphores, si elle plonge aux racines de ce qui fait lâĂȘtre humain. Mais lâhistoire prime tout. Sinon, on ne fait plus de roman, mais de lâessai. » dans Lire, dernier roman Dans le scriptorium ». Orhan Pamuk, janvier 2007 J'Ă©cris parce que j'en ai envie. J'Ă©cris parce que je ne peux pas faire comme les autres un travail normal. J'Ă©cris parce que je suis trĂšs fĂąchĂ© contre vous tous, contre tout le monde. J'Ă©cris parce qu'il me plaĂźt de rester enfermĂ© dans une chambre. J'Ă©cris parce que je ne peux supporter la rĂ©alitĂ© qu'en la modifiant. J'Ă©cris parce que j'aime l'odeur du papier. J'Ă©cris parce que je me plais Ă la cĂ©lĂ©britĂ©. J'Ă©cris parce que la vie, le monde, tout est incroyablement beau et Ă©tonnant. J'Ă©cris parce que je n'arrive pas Ă ĂȘtre heureux, quoi que je fasse. J'Ă©cris pour ĂȘtre heureux. » sur le site du prix Nobel, dernier roman Istanbul ». Colum Mc Cann, septembre 2007 Je crois en la nĂ©cessitĂ© de la parole Ă©crite. Mais il faut distinguer la nĂ©cessitĂ© du pouvoir. Je ne suis pas convaincu du pouvoir de la littĂ©rature aujourdâhui, mais mĂȘme si la littĂ©rature nâa pas de pouvoir, jâestime que la parole Ă©crite est totalement nĂ©cessaire. Les histoires conservent la trace du temps. Elles mettent lâaccent sur les questions du cĆur humain. Faulkner dit que la meilleure Ă©criture renvoie au cĆur humain. Câest la trame de toute histoire. Et les meilleures ont le pouvoir de changer les choses. Câest quelque chose en quoi je dois croire⊠sinon, bien sĂ»r, il est inutile dâĂ©crire. » sur lâIvre de lecture, dernier roman Zoli ». Je vous souhaite une excellente fĂȘte de NoĂ«l. La semaine prochaine, ce sera la "Revue de presse" ou "Paroles d'Ă©crivains", selon l'actualitĂ© !
RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Comprise comme un testament, lâĆuvre de Maritain engageait dâabord toute lâinterprĂ©tation de son parcours depuis Humanisme intĂ©gral 1936, comme le notait son ami le cardinal Journet. Elle sâefforçait aussi de transmettre Ă quelque nouveau petit troupeau » lâidĂ©al de la contemplation sur les chemins » et dâun thomisme vivant », lâauteur trouvant des mots assez neufs pour lui redonner des ambitions programmatiques, et des mots assez polĂ©miques pour le distinguer dâautres surgeons moins reluisants de lâarbre scolastique. Moins dâun an aprĂšs la fin du Concile, elle donnait enfin lâoccasion dâun premier grand conflit hermĂ©neutique sur le sens du tournant opĂ©rĂ©, et les suites quâil convenait de lui donner. Maritainâs work, regarded as his will, was first of all an interpretation of his intellectual development since 1936 when he published Humanisme IntĂ©gral, as his friend Cardinal Journet noted it. His work was an effort to pass the ideal of contemplation on the ways of mankind » and of a living thomist philosophy » on to some new small flock ». Maritain found words sufficiently new to give his attempt an ambition with a program and sufficiently polemical to strike a difference with other offshoots, less brilliant ones, on the scholastic tree. Less than a year after Council Vatican IInd, the book finally provided the opportunity of a major hermeneutic dispute on the turn that had occurred and on the continuation that it was appropriate to give de page Texte intĂ©gral 1 Cf. J. Maritain, Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, PrĂ©f. et dossier critique de M. Fourcade, ... 1 Jacques Maritain vient de faire un malheur », expliquait Georges Suffert dans LâExpress du 30 janvier 1967, deux mois aprĂšs la publication du Paysan de la Garonne et tandis que la controverse suscitĂ©e par lâouvrage Ă©tait encore loin de sâapaiser ; le mĂȘme dĂ©crivait ensuite lâaffolement des sacristies » et les rĂ©actions trĂšs contrastĂ©es suscitĂ©es par lâessai, sâĂ©tonnant que le pamphlet de ce vieux monsieur » ait pu pĂ©nĂ©trer si profondĂ©ment lâair du temps Ă 84 ans, il publie 400 pages dans une maison dâĂ©dition presque conïŹdentielle sur un sujet illisible la foi, lâĂglise, la pensĂ©e, Husserl, Teilhard, la vie contemplative. RĂ©sultat un raz de marĂ©e ». RĂ©cemment composĂ© pour accompagner la réédition du Paysan, un gros dossier critique puisant dans les correspondances et les recensions retrouvĂ©es conïŹrme lâintensitĂ© et lâĂ©tendue de la querelle1 Ă©vĂ©nement mĂ©diatique complet, elle eut ses prolongements jusquâĂ la radio et la tĂ©lĂ©vision de lâĂ©poque, et lâidĂ©e que lâon se fait de Maritain et de son Ćuvre reste encore parfois trĂšs tributaire de son Ă©cho. 2 Lettre du cardinal Journet Ă Maritain, 12 janvier 1967. 2Non sans bonnes raisons sans doute proïŹtant de cette traversĂ©e du Concile pour ressaisir toutes ses intuitions, le philosophe nâavait-il pas voulu donner Ă ce quâil pensait ĂȘtre son dernier tĂ©moignage » une valeur testamentaire ? Jacques, cette reprise des thĂšmes de votre long combat, que vous faites dans le Paysan, est une merveille », sâenthousiasmait lâabbĂ© Journet Elle change en postconciliaire une Ćuvre que beaucoup sâempressaient de qualiïŹer de prĂ©conciliaire. Câest le bon Dieu qui permet ces retournements imprĂ©visibles2 ». Trente ans aprĂšs Humanisme intĂ©gral, lâessai ïŹt donc souvent lâeffet dâune anamnĂšse, donnant une occasion Ă ses lecteurs de sâexpliquer avec Maritain tout entier. 3Mais non sans dĂ©formations cependant, tant du cĂŽtĂ© des adversaires du Paysan que de celui de ses thurifĂ©raires, chacun tirant de lâouvrage des aperçus tantĂŽt Ă©dulcorĂ©s, tantĂŽt durcis selon son propre ressenti ; mĂȘme les lecteurs les plus acquis avaient enfermĂ© Maritain dans leur propre bilan de lâĆuvre conciliaire, leur Ă©valuation du contexte spirituel et intellectuel, leur conception de lâaggiornamento. Dans leur propre interprĂ©tation du philosophe et de sa pensĂ©e Ă©galement, car si Humanisme intĂ©gral avait jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans bien des itinĂ©raires, lâessai avait eu aussi une postĂ©ritĂ© dâĂ©tiquette » et, comme le dĂ©plorait le grand commentateur » de Maritain, Henry Bars, beaucoup avaient mis sous celle-ci un contenu de plus en plus Ă©loignĂ© de celui quâelle avait recouvert Ă lâorigine » 3 Henry Bars, Ă propos du Paysan de la Garonne », Revue thomiste, 1968 1, p. 89-100. Humanisme intĂ©gral Ă©tait tout entier soutenu par lâidĂ©al historique dâune nouvelle chrĂ©tientĂ© », image dynamique qui projette en avant une nouvelle rĂ©fraction de lâĂ©vangĂ©lique dans le temporel⊠[âŠ] Maritain entendait Ă©laborer un Ă©quipement intellectuel dont les bases mĂ©taphysiques existaient bien sans doute chez S. Thomas, mais dont lâajustement Ă des problĂšmes que S. Thomas ne sâĂ©tait pas posĂ©s restait Ă inventer. [âŠ] Le malheur, câest que nombre de partisans » de lâhumanisme intĂ©gral » se prĂ©occupaient apparemment fort peu de cet Ă©quipement-lĂ . Ils se sentaient dâaccord avec le nouveau style de relations entre le spirituel et le temporel prĂ©conisĂ© par le philosophe, ou du moins avec certaines orientations nouvelles quâil favorisait. La philosophie qui prĂ©tendait justifier ces positions pratiques ne les intĂ©ressait guĂšre⊠Certains venaient du cĂŽtĂ© de Blondel, mĂȘme sâils lâavaient peu lu ; dâautres Ă©taient attirĂ©s par les diverses phĂ©nomĂ©nologies, par le marxisme ; enfin viendrait Teilhard. Le journalisme aidant, bien des esprits aussi gĂ©nĂ©reux que peu Ă©clairĂ©s finirent par mĂȘler tout cela en un cocktail dont le triomphalisme de lâaprĂšs-concile nous a permis de goĂ»ter la saveur. [âŠ]Un des thĂšmes centraux dâHumanisme intĂ©gral est assurĂ©ment le relais de lâancienne conception sacrale » du temporel par une conception» profane » ou sĂ©culiĂšre » du mĂȘme temporel. Par un dĂ©veloppement imprĂ©vu de la doctrine, il apparaĂźt, trente ans aprĂšs, que la sĂ©cularisation » concerne, pour un nombre croissant de nouveaux docteurs, le spirituel lui-mĂȘme, si tant est que ce mot conserve encore un sens dĂ©fini. En sorte que la question est sĂ©rieusement posĂ©e de savoir si la liturgie elle-mĂȘme doit encore demeurer sacrale » ou religieuse ». [âŠ] Peut- ĂȘtre ne pouvait-il en ĂȘtre autrement dĂšs lors que prĂ©valait une interprĂ©tation intĂ©gralement anthropocentrique » de la vie humaine, interprĂ©tation paradoxalement proposĂ©e au nom du commandement Ă©vangĂ©lique de lâamour des hommes. Mais en condamnant lâhumanisme classique, non point en tant quâhumanisme certes, mais prĂ©cisĂ©ment en tant quâanthropocentrique, Maritain avait pris la direction exactement inverse3. 4Le Paysan fut donc lâoccasion de quelques rĂ©visions dĂ©chirantes, et semant le trouble dans tous les courants dâopinion, lâessai ïŹt parfois lâobjet de lectures contradictoires dans la mĂȘme revue ou la mĂȘme mouvance, les uns feignant de croire Ă un repentir » de Maritain pour son Ćuvre passĂ©e, les autres sâĂ©tonnant au contraire de ne pas lây trouver, pour sâen rĂ©jouir ou pour sâen indigner Il y a une sorte de contradiction fondamentale dans ce livre », dĂ©plorait dans TĂ©moignage chrĂ©tien le PĂšre François Biot, se posant en disciple incompris 4 TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. Les principes mĂȘmes qui devraient logiquement amener Maritain Ă comprendre profondĂ©ment les orientations dâaujourdâhui, tout en critiquant avec dâautant plus de vigueur les risques de dĂ©viations et les gauchissements possibles, le conduisent de fait Ă rejoindre les rĂ©serves, voire les refus, de ceux-lĂ mĂȘmes dont les principes sont radicalement contraires aux siens. Quâun homme retirĂ© dans son ermitage, parvenu Ă un Ăąge dĂ©jĂ avancĂ©, ne puisse plus comprendre le dĂ©veloppement de cela mĂȘme quâil a contribuĂ© Ă mettre en route ne doit pas tellement nous Ă©tonner. Pour lâhonneur de Maritain lui-mĂȘme et pour lâautoritĂ© quâil reprĂ©sente dans le catholicisme dâaujourdâhui, il est dommage que ses amis ne lâaient pas dissuadĂ© de publier ce dernier livre. Il nâajoute rien, bien au contraire, Ă ce que nous lui devons4. 5 Le Paysan de la Garonne nous Ă©crit », Masses ouvriĂšres, n° 238, mars 1967. 6 Louis Jugnet, Maritain et le NĂ©o-modernisme », La PensĂ©e catholique, n° 107, 1967. 5 Il y a des gens qui prĂ©tendent que jâai reniĂ© Humanisme intĂ©gral ! Câest une stupiditĂ© et une calomnie », dut prĂ©ciser le philosophe Je tiens plus que jamais Ă toutes ses positions, câest de la crise actuellement subie par lâintelligence et par la foi que je mâoccupe ici5 ». Ă lâautre bout du champ, les milieux traditionalistes et tous les nostalgiques dâun vĂ©tĂ©ro-maritainisme antimoderne nâavaient dâailleurs pas tuĂ© le veau gras, sâaccordant certes avec le Paysan dans ses diagnostics les plus alarmistes, jetant le Mistigri du cĂŽtĂ© progressiste â en gros, tout bien pesĂ©, câest tout de mĂȘme surtout les gens dâen face qui doivent crier touchĂ© !6 » â, mais nâen considĂ©rant lâensemble du parcours quâavec plus de regrets 7 Marcel Clement, Maritain », LâHomme nouveau, 3 juin 1973. AprĂšs PrimautĂ© du spirituel 1927, le philosophe de lâĂȘtre sâest inflĂ©chi en prophĂšte du devenir. Le tĂ©moignage personnel demeure rayonnant. LâunitĂ© des familles dâesprit dans le Christ nâen est pas moins, de son fait, en pĂ©ril. [âŠ] Ceux qui lâont soutenu politiquement et parfois utilisĂ© ne lâont pas suivi philosophiquement⊠RespectĂ©, comme un sage, Maritain nâa pas marquĂ© les gĂ©nĂ©rations qui auraient dĂ» le suivre⊠Ce maĂźtre nous quitte sans laisser de disciples. Sauf les plus Ă©minents, dans leur solitude un Pape, un cardinal, quelques amis indĂ©fectibles⊠Une vocation aussi Ă©vidente peut-elle demeurer finalement stĂ©rile ? Le fait est le philosophe qui sâinterrogeait Ă Louvain, le 26 janvier 1920, pour dĂ©terminer les conditions principales de la renaissance de la philosophie thomiste » est mort, un demi-siĂšcle plus tard. Et cette renaissance nâa pas eu lieu7. 6Tous les bons connaisseurs de lâĆuvre, lorsquâils nâĂ©taient pas aveuglĂ©s par leur propre idĂ©ologie, en Ă©taient cependant tombĂ©s dâaccord Le Paysan de la Garonne, câest du Maritain â voilĂ tout », protestait dans Esprit RenĂ© Pucheu, contre ceux qui tentaient dâopposer les diffĂ©rents millĂ©simes 8 RenĂ© Pucheu, Affronter Maritain », Esprit, fĂ©vrier 1967. Du Maritain immuable, et on peut le regretter. Du Maritain intĂ©gral, et ce trait est probablement lâune des causes du dĂ©sarroi ; il se prĂ©sente ici en bloc ; il nây a pas moyen de choisir, câest le Maritain de Trois RĂ©formateurs â qui me fait grincer les dents, je lâavoue â et celui dâHumanisme intĂ©gral. Ce nâest gĂȘnant et nouveau que pour ceux qui avaient parcouru Maritain en vitesse et lâavaient statufiĂ© dans le bas cĂŽtĂ© de gauche⊠[âŠ] Cet homme nâest ni de droite, ni de gauche. S. Thomas musĂšle en lui lâanarchiste. Il faut oser relever les dĂ©fis quâil lance8. 7Du Maritain impĂ©nitent, prĂ©cisait aussi le franciscain HervĂ© Chaigne, doutant avec raison de certains enthousiasmes et dĂ©nonçant toutes les rĂ©cupĂ©rations » abusives 9 HervĂ© Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron », FrĂšres du monde, n° 43-44, 1967. Loin de se livrer Ă de solennelles rĂ©tractations, Jacques Maritain cite longuement ses Ćuvres antĂ©rieures, et jâavoue ne pas voir trĂšs bien pourquoi ceux qui buttent contre Humanisme intĂ©gral ou contre LâHomme et lâĂtat, ces livres sans quoi Pacem in Terris et Gaudium et Spes auraient Ă©tĂ© proprement impensables, se prĂ©cipitent goulĂ»ment sur le Paysan de la Garonne alors que la mĂȘme doctrine sây rĂ©percute en son intĂ©gritĂ© et en son ĂąpretĂ©9. 8La querelle du Paysan » eut donc ses coups bas, ses manĆuvres et ses malentendus, ses arriĂšre-pensĂ©es force est de constater que le dĂ©bat fut frĂ©quemment biaisĂ©. Il nâest pas sĂ»r nĂ©anmoins que la controverse ait Ă©tĂ© inutile et que lâopinion catholique en soit sortie comme elle y Ă©tait entrĂ©e, tandis que se jouait la premiĂšre rĂ©ception du Concile Lâouvrage a Ă©tĂ© Ă la fois un test et un Ă©vĂ©nement », poursuivait Henry Bars, notant que Maritain avait su accrocher toutes les problĂ©matiques philosophiques et thĂ©ologiques du moment, et proposant dĂšs novembre 1967 une premiĂšre esquisse de bilan 10 Bars, Ă propos du Paysan de la Garonne ». Un Ă©vĂ©nement Ă cause du sujet du livre, Ă cause de la personnalitĂ© de lâauteur, Ă cause du dĂ©sarroi des esprits auquel on voit bien maintenant quâil rĂ©pondait, quâil a largement contribuĂ© Ă rĂ©vĂ©ler. Et câest pour cette derniĂšre raison que lâouvrage a Ă©tĂ© en mĂȘme temps un test. En sâinterrogeant sur le temps prĂ©sent, le vieux laĂŻc dĂ©guisĂ© en paysan du Danube a brusquement fait cristalliser des positions qui demeuraient encore floues et se distinguaient mal lâune de lâautre10. * ** 9Lâauteur du Paysan Ă©tait ĂągĂ© on ne se ïŹt pas faute de le lui rappeler. ConsidĂ©rant ce best-seller inattendu comme un signe de bien mauvais augure, les recensions dâun PĂšre Biot, dâun PĂšre Ribes dans Ătudes, ou dâun PĂšre Chaigne dans FrĂšres du monde, nâavaient pas camouïŹĂ© leurs intentions euthanasiques, qui sâĂ©taient efforcĂ©es de renvoyer lâouvrage Ă lâobscuritĂ© dont il nâaurait pas dĂ» sortir, et avaient repoussĂ© brutalement son auteur de lâautre cĂŽtĂ© du ïŹeuve 11 Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron ». Maritain est enfermĂ© malgrĂ© lui et sâenferme volontairement dans un monde intellectuel, celui dâun thomisme arrĂȘtĂ©, qui est Ă la fois impermĂ©able aux requĂȘtes de la pensĂ©e contemporaine et incapable dâassurer sa propre survie. [âŠ] Abruptement, il rompt avec des explorations intellectuelles que sa forme de pensĂ©e et son grand Ăąge ne lui permettent pas de poursuivre. Il choisit dâen finir une fois pour toutes avec son temps il ferme son Ćuvre comme on claque une porte. Paysan de la Garonne ? Non, hĂ©las ! mais du Styx et de lâAchĂ©ron, ces fleuves de la mort quâil nâest permis Ă aucun humain de franchir deux fois. Le vieux maĂźtre sâĂ©loigne et sâenfonce dans lâeau noire. Il ne peut plus rien pour nous. Il nâa plus le temps ni la force de dĂ©chiffrer avec nous nos Ă©nigmes11. 12 Voir ici les deux couvertures cĂ©lĂšbres du magazine Time, du 8 avril 1966 Is God Dead ? » et du ... 10Lâaffaire ici semblait dĂ©ïŹnitivement jugĂ©e la pensĂ©e de Maritain avait certes rendu jadis de grands services et le penseur pouvait ïŹgurer Ă bon droit dans la galerie des aĂŻeux du Concile, mais tout son Ă©quipement intellectuel Ă©tait dĂ©sormais pĂ©rimĂ© et il nâĂ©tait que temps pour lui de rejoindre la glorieuse cohorte. AfïŹchant avec lâinsistance des vieillards » dans le langage, dans lâĂtre, dans saint Thomas ou dans le Pape une conïŹance qui ne semblait vraiment plus de mise, ne faisant le dĂ©tour ni par la dĂ©mythologisation, ni par le second degrĂ© hermĂ©neutique, ni par le Dieu dialectique hĂ©gĂ©lien mourant et ressuscitant dans lâair du temps12, critique pour la sociĂ©tĂ© de masse et sa culture », persiïŹeur pour les experts » et tous les nouveaux docteurs, le thomiste Ă©tait rĂ©solument Ă©tranger au nouveau paradigme que venaient notamment dâillustrer les deux autres succĂšs philosophiques de la saison, les Ăcrits de Lacan et les Mots et Les Choses de Foucault. RetirĂ© depuis trop longtemps des circuits, lâermite de la Garonne ne pouvait plus ni comprendre ni suivre ce qui se jouait dĂ©sormais ; son pavĂ© dans la mare » ne devait pas avoir plus dâeffet quâune pierre dans lâeau. 13 Henri Fesquet, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966 ; Jean-Marie PAUPERT, Vieillards de chrĂ©tientĂ© ... 11Les plus acharnĂ©s de cette tendance avaient ïŹnalement substituĂ© Ă tout effort de comprĂ©hension ou dâargumentation les vĂ©hĂ©mences ou les vulgaritĂ©s de lâinvective aux yeux dâun Henri Fesquet, Maritain Ă©tait devenu le philosophe du mĂ©pris » pour les masses et il fallait regretter que cet ancien adepte de lâAction française » ait pu soutenir jadis des positions de gauche avec une mentalitĂ© dâextrĂȘme-droite » ; pour un Jean-Marie Paupert, qui lui consacrait cependant une vingtaine de pages virulentes, ce vieillard grognon et nocif » ne mĂ©ritait pas plus dâattention quâun Michel de Saint-Pierre qui aurait fait des Ă©tudes13 ». LâinconvĂ©nient, câest que ce moribond bougeait encore et quâil nâĂ©tait pas dĂ©pourvu dâinïŹuence ; rĂȘvant dâimpulser dans lâĂglise une rĂ©volution dĂ©constructive qui lâarracherait Ă sa sclĂ©rose », le jeune philosophe de Toulouse GĂ©rard Granel expliquait par quelle stratĂ©gie de combat il convenait de sâen dĂ©barrasser 14 GĂ©rard Granel, Propositions concrĂštes pour la lutte » appendice Ă son Rapport sur la situatio ... Nous nous opposons⊠à des hommes moralement et spirituellement estimables, mais qui sont, culturellement et politiquement, des traditionalistes bloquĂ©s, dont on ne peut attendre raisonnablement quâils modifient leurs convictions ni la façon dont ils se sont tracĂ© leur devoir. Si les choses Ă©taient simples, on les dĂ©signerait ici comme intĂ©gristes ». Et certes il sâagit dâabord des intĂ©gristes stricto sensu â puisquâil en reste⊠Mais il est essentiel de leur adjoindre peut-ĂȘtre sous lâĂ©tiquette de nĂ©o-intĂ©gristes » ? des gens qui furent, dans des temps prĂ©historiques, des esprits avancĂ©s », ce qui leur confĂšre encore aujourdâhui une aurĂ©ole suffisante auprĂšs de beaucoup de cercles et de cĂ©nacles non certes auprĂšs du peuple chrĂ©tien pour modĂ©rer les impatiences câest ce quâon dit et briser lâespĂ©rance et lâaction câest ce qui se passe. De ce genre, le cardinal DaniĂ©lou, le cardinal Journet et deux ou trois prĂ©tendus penseurs, qui pour nâappartenir pas Ă la hiĂ©rarchie de lâĂglise nâen sont pas moins trĂšs influents auprĂšs dâelle et sont souvent les vĂ©ritables inspirateurs de ses attitudes Jacques Maritain, Jean Guitton, etc. De tels hommes ne sont pas vulnĂ©rables, parce que, quelle que soit leur nocivitĂ© idĂ©ologique, ils restent moralement et religieusement estimables, au moins dâun point de vue quâil convient de mener contre eux sera donc dâun genre particulier. Elle consistera â outre la critique radicale de leurs Ă©crits, tĂąche pour laquelle il faudra trouver des philosophes remplis dâabnĂ©gation, â dans une tactique de harcĂšlement constant, par laquelle⊠on les acculera, le plus publiquement possible, Ă prendre toujours et partout position, Ă prĂ©ciser toujours et partout cette position, Ă en tirer encore et encore les consĂ©quences concrĂštes, etc., jusquâĂ ce que, ou bien se dĂ©voilera lâincohĂ©rence profonde de leur attitude, ou bien ils construiront, pour la masquer, une autre cohĂ©rence celle de la rĂ©pression pure et simple, qui les rendra bientĂŽt odieux⊠Le Pape lui-mĂȘme pose Ă©videmment un problĂšme particulier, non de fond mais dâopportunitĂ©. Pour le fond il semble manifeste, par ses Ă©crits, ses paroles, ses attitudes, que Paul VI relĂšve de la catĂ©gorie prĂ©cĂ©dente. Il faudra par consĂ©quent, au bout du compte, lâattaquer lui aussi⊠[âŠ] La chose peut paraĂźtre cependant inopportune, dans la mesure oĂč lâon risque de sâaliĂ©ner ainsi trop rapidement une grande masse de catholiques qui ont Ă lâĂ©gard du Pape », quoi quâil fasse, un attachement absolu et irraisonnĂ©14. 12Ă relire ces textes et lâensemble des piĂšces de la querelle quarante ans aprĂšs, si la grille de lecture gĂ©nĂ©rationnelle sâimpose parmi dâautres, elle donne beaucoup plus de clefs du cĂŽtĂ© de la rĂ©ception de lâouvrage quâelle ne permet dâenfermer le propos de lâauteur dans un temps qui serait rĂ©volu. Et la hargne des recensions citĂ©es souligne a contrario quâen donnant dans son Paysan tous les Ă©lĂ©ments dispersĂ©s dâune critique mĂ©taphysique et spirituelle de lâesprit des annĂ©es soixante », Maritain avait conservĂ© avec son drĂŽle de temps » une large surface de contact et un impact qui nâavait rien de neutre ou de nĂ©gligeable. 13Certes, ce serait bien sĂ»r le doter dâun privilĂšge improbable que de le supposer totalement prĂ©servĂ© des atteintes de la vieillesse, avec ses limitations de perspectives, ses dĂ©calages de problĂ©matiques, ses difïŹcultĂ©s Ă se maintenir dans lâĂ©tat de rĂ©ceptivitĂ© nĂ©cessaire. RetirĂ© du monde et de la plupart de ses affaires, mais restĂ© maĂźtre dans lâart de poser des banderilles, le ïŹlleul de LĂ©on Bloy nâĂ©chappait sans doute pas entiĂšrement Ă la subjectivitĂ© de lâĂąge ni Ă la distanciation de lâermitage. Les approbations quâil reçut de quelques vieux laĂŻcs » de sa gĂ©nĂ©ration permettent dâailleurs de mieux mesurer tout ce quâil convient de relativiser, et la part de crĂ©puscule entrant dans quelques- uns de ses jugements. Certes encore, le Paysan de la Garonne avait un pied au moins dans le passĂ©, mais comme le notait lâun de ceux qui lâavaient poussĂ© Ă sortir de sa retraite, ce nâĂ©tait pas le passĂ© de nâimporte qui, et de le confronter au moment conciliaire avait dĂ©jĂ , en soi, une forte portĂ©e hermĂ©neutique 15 Louis Salleron, Quâen pense Maritain ? », La Nation française, 29 juillet 1965. Souvent je me pose la question quâen pense Maritain ? â [âŠ] Je me le demande surtout parce quâil est certainement le personnage qui, depuis cinquante ans, a eu le plus dâinfluence sur le catholicisme français, et peut-ĂȘtre sur le catholicisme universel. Il est un peu le pĂšre de tous les croyants dâaujourdâhui. ReconnaĂźt-il ses enfants ? [âŠ] Il ne peut pas ne pas penser beaucoup de choses assez prĂ©cises sur tout ce qui se passe prĂ©sentement dans le catholicisme. Quâil nous dise donc ce quâil pense. Ce peut ĂȘtre Je nâai pas voulu cela ». Ce peut ĂȘtre Jâai exactement voulu cela ». Ce peut ĂȘtre Je nây suis pour rien. Voici dâailleurs ce que je trouve bon et ce que je trouve mauvais ». Ce peut ĂȘtre nâimporte quoi, mais qui, de toute façon, serait plein dâintĂ©rĂȘt. Quand on sâest, pendant plus dâun demi-siĂšcle, mĂȘlĂ© Ă toutes les batailles dâidĂ©es qui ont agitĂ© le catholicisme, on ne se retire pas sous sa tente au moment oĂč la derniĂšre bataille va dĂ©cider de tout15. 16 Cf. Ph. Chenaux, Paul VI et Maritain. Les rapports du montinianisme et du maritanisme, Brescia, Ist ... 17 Cf. Paul VI, Discours de clĂŽture du 7 dĂ©cembre 1965 », Documentation catholique, n° 1462, 2 janvi ... 14Par-delĂ son efïŹcience certaine dans tous les soubassements archĂ©ologiques, la pensĂ©e de Maritain avait aussi entretenu avec le travail du Concile lui-mĂȘme un lien restĂ© trĂšs vif suspecte et contestĂ©e par une partie de lâĂ©piscopat et de la curie Ă lâorĂ©e de Vatican II encore, elle avait Ă©tĂ© assez mĂȘlĂ©e aux dĂ©bats de lâaula, lors de la quatriĂšme session notamment oĂč sâĂ©taient opĂ©rĂ©s â sur les rapports de lâĂglise et du monde, la libertĂ© religieuse ou le dialogue avec les autres religions â les dĂ©blocages dĂ©cisifs, pour que les mots chuchotĂ©s par Paul VI au philosophe en lui remettant le message du Concile aux hommes de pensĂ©e » lors de la cĂ©rĂ©monie de clĂŽture aient eu valeur de rĂ©habilitation LâĂglise vous est reconnaissante du travail de toute votre vie⊠Le temps oĂč on vous accusait de naturalisme intĂ©gral est dĂ©sormais bien ïŹni16 ». Surtout, en faisant allusion Ă lâ hominem integrum », câest une imprĂ©gnation maritainienne que le Pape avait donnĂ©e Ă son grand discours ïŹnal du 7 dĂ©cembre 1965, indiquant par lĂ son propre horizon hermĂ©neutique, sâagissant notamment des deux textes longtemps controversĂ©s, Gaudium et Spes et Dignitatis Humanae, sur lesquels lâentreprise sâachevait17. 15Et, quant au para-concile », mĂȘme dans ses diagnostics les plus cruels, le Paysan Ă©vitait la plupart des amalgames des vieillards et tout ce qui pouvait ressembler Ă un aprĂšs moi, le dĂ©luge », hiĂ©rarchisant ses agacements, situant prĂ©cisĂ©ment ses griefs, restant en sympathie avec une bonne part de ce qui surgissait et y discernant de quoi nourrir sufïŹsamment une espĂ©rance Quant au spectacle que nous avons sous les yeux, je nâai pas besoin de vous dire combien je me sens dâaccord avec le jugement que vous portez sur lui⊠», conïŹait-il certes Ă Ătienne Gilson qui donnait au mĂȘme moment ses Tribulations de Sophie, mais câĂ©tait pour lui faire entendre un regret, que je vous aime trop pour ne pas vous avouer » 18 Maritain Ă Gilson, 15 novembre 1967. Câest que vous ayez apparemment mis dans le mĂȘme sac » des questions aussi absolument essentielles que celles qui touchent Ă la VĂ©ritĂ©, Ă la foi, Ă la thĂ©ologie, Ă la philosophie, et dâautres questions quand mĂȘme subordonnĂ©es comme celle du cĂ©libat des prĂȘtres⊠et aussi comme la question des messes en langue vulgaire⊠[âŠ] Est-ce que je suis devenu singuliĂšrement libĂ©ral » en vous disant cela, moi qui ai tant souffert avec la traduction française du Canon ? Non, il sâagit seulement pour moi dâune certaine hiĂ©rarchie dans les problĂšmes. Lâaffreuse crise oĂč nous sommes tĂ©moigne du fait que les hommes ne peuvent liquider des maux sournois qui ont cheminĂ© trop longtemps quâen passant par des folies pires. Il reste que quand le diable travaille si vigoureusement, câest que le Saint-Esprit prĂ©pare des renouvellements imprĂ©visibles qui arriveront sans doute plus vite que nous ne pensons18. 16Guettant tous ces renouvellements en clignant des yeux, et cherchant Ă les saisir dans leurs premiers bruissements et balbutiements, le Paysan nâavait pas confondu enïŹn le moment Vatican II et la ïŹn de lâHistoire sainte, et son livre, parfois comme un galop de cĂŽtĂ©, entendait aussi tĂ©moigner en faveur de quelques vĂ©ritĂ©s futures ou complĂ©mentaires De tout ce que le concile a dĂ©crĂ©tĂ© et accompli je rends grĂąces. Dâautres choses encore jâaurais sans doute aimĂ© rendre grĂąces, sâil les avait faites aussi ». Moins dâun an aprĂšs la ïŹn de Vatican II, et tandis que sa digestion semblait hĂ©siter entre la sclĂ©rose et la fuite en avant, dĂ©gageant son legs doctrinal du contexte idĂ©ologique de sa premiĂšre rĂ©ception, le Paysan de la Garonne avait donc tout pour susciter un premier grand conïŹit hermĂ©neutique sur le sens du tournant opĂ©rĂ© et les suites quâil convenait de lui donner, la querelle rĂ©vĂ©lant Ă©galement les diverses maniĂšres dont on pouvait habiter ou ne pas habiter le Concile, dont on pouvait lâinterprĂ©ter, le gauchir ou lâinstrumentaliser. * ** 17 Qui a fait la thĂ©ologie du concile ? », demandera le PĂšre Congar au Paysan, non sans quelque amertume, le dominicain tout juste sorti du travail dâenfantement restant encore trĂšs attachĂ© Ă la paternitĂ© de ses doctrines et regrettant que Maritain nâait pas traitĂ© de son effort et de celui de ses amis avec plus de gratitude explicite ou de cĂ©rĂ©monie 19 Yves Congar, Une certaine peine », Le Monde, 28 dĂ©cembre 1966 et lettre du mĂȘme Ă Maritain, 27 no ... Il exalte lâĆuvre thĂ©ologique du concile ; sur plusieurs points nĂ©vralgiques, il lui apporte le tĂ©moignage non seulement de son adhĂ©sion, mais de son admiration. Or cette thĂ©ologie nâest pas une gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e. Qui a ĆuvrĂ© pour elle ? Ne sont-ce pas ces thĂ©ologiens dont le livre, par son silence, ferait croire quâils nâexistent pas ou quâils pactisent avec lâerreur ? [âŠ] OĂč apparaĂźt, dans ce livre, le renouveau pastoral, oĂč apparaissent les Ćuvres dogmatiques dâun Rahner ou dâun Schillebeeckx ? OĂč apparaĂźt lâimmense effort biblique des derniĂšres dĂ©cennies ? Ne serait-ce pas de la thĂ©ologie ?19 18 Qui a fait sa philosophie ? » aurait pu lui rĂ©torquer Maritain avec la mĂȘme emphase, puisquâil nâĂ©tait pas dĂ©pourvu de tout droit personnel dans ce dĂ©bat gĂ©nĂ©alogique ou gĂ©nĂ©tique, et que, reconnaissant nombre de connexions souterraines et parfois explicites entre les principales avancĂ©es de son Ćuvre et les renouvellements dâincalculable portĂ©e » que venait dâopĂ©rer lâĂglise, il avait consacrĂ© les premiĂšres pages de son livre Ă des actions de grĂąces qui ressemblaient Ă des Nunc dimittis. Pour avoir Ă©tĂ© en effet Ă presque tous les carrefours de son temps et Ă bien des points de dĂ©part, et pour avoir thĂ©orisĂ© le premier la ïŹn du Saint-Empire » et de la chrĂ©tientĂ© sacrale » ou la sortie hors du systĂšme tridentin », le philosophe Ă©tait naturellement fondĂ© Ă expliquer dans quelles continuitĂ©s Vatican II sâinscrivait Ă ses yeux, dans quelles ïŹdĂ©litĂ©s aussi il espĂ©rait quâil serait prolongĂ©. 19La premiĂšre de ces ïŹdĂ©litĂ©s Ă©tait Ă©videmment thomiste en deçà en effet de tous les renouveaux » biblique, patristique, liturgique, pastoral ou ĆcumĂ©nique auquel le Concile avait puisĂ© et que lâon met avec raison en sĂ©rie, il y avait dâabord eu le renouveau thomiste, sur lequel tous les autres sâĂ©taient sinon toujours appuyĂ©s, en tout cas Ă partir duquel ils sâĂ©taient dĂ©ïŹnis. Comblant ïŹnalement les vĆux de LĂ©on XIII et refaisant de saint Thomas lâapĂŽtre des temps modernes », la renaissance thomiste », loin dâavoir Ă©tĂ© un Ă©chec, pouvait revendiquer Vatican II parmi ses fruits, dans tout ce qui touchait en tout cas Ă la rencontre de lâĂglise du monde. Et si entre le Syllabus et Pacem in Terris ou Dignitatis humanĂŠ, il nây avait apparemment que rupture, nâĂ©tait-ce pas cependant grĂące aux dialectiques du thomisme vivant » que lâon pouvait rĂ©tablir, entre Pie IX et Jean XXIII, LĂ©on XIII et Paul VI, un principe dâhomogĂ©nĂ©itĂ© doctrinale ? 20 Cf. M. Fourcade, Un Seigneur, des histoires. La RoyautĂ© du Christ Ă lâheure de Vatican II », Comm ... 20Câest donc surtout sur le terrain de Gaudium et Spes que le Paysan de la Garonne venait dĂ©ployer ses analyses, et tandis quâune critique prĂ©coce, montĂ©e des rangs augustiniens, regrettait lâoptimisme » du texte, considĂ©rĂ© comme une tĂąche de temps », une concession un peu dĂ©magogique Ă lâesprit des annĂ©es soixante, Maritain lui accordait un brevet de thomisme » remarquĂ©. Nous avons essayĂ© de dire ailleurs par quel chemin intĂ©graliste » on avait pu passer de lâencyclique Quas Primas par laquelle Pie XI avait instituĂ© la fĂȘte du Christ-Roi » en 1925 Ă lâ humanisme conciliaire » dont tĂ©moignait notamment la constitution conciliaire, et dâexpliquer aussi pourquoi câest Ă cause de la royautĂ© universelle du Christ que Paul VI avait pu se prĂ©senter en 1965 aux Nations Unies comme expert en humanitĂ© »20 avant dâĂȘtre celui de lâĂglise, ce trajet doctrinal avait dâabord Ă©tĂ© celui de Maritain lui-mĂȘme, qui avait toujours imprimĂ© Ă son thomisme des allures dâĂ©lan bergsonien et dâĂ©volution crĂ©atrice, dâAntimoderne Ă LâHomme et lâĂtat, en passant par PrimautĂ© du spirituel et par Humanisme intĂ©gral, non sans laisser de sa peau Ă toutes les Ă©pines des buissons par oĂč il a fallu passer ». 21On retrouvait tout ce trajet dans le chapitre du Paysan consacrĂ© au monde » et Ă ses aspects contrastants », qui fut sans doute le morceau qui ïŹt grincer le plus de dents ; Maritain y applaudissait en effet Ă la ïŹn dâune longue Ă©quivoque â le mĂ©pris quasi-manichĂ©en du monde, professĂ© dans le ghetto chrĂ©tien dont on est en train de sâĂ©vader » â et dĂ©duisait aussi des orientations du Concile ce qui nâĂ©tait sans doute encore quâun mythe mobilisateur VoilĂ accompli le grand renversement en vertu duquel ce ne sont plus les choses humaines qui prennent charge de dĂ©fendre les choses divines, mais les choses divines qui sâoffrent Ă dĂ©fendre les choses humaines ». Je crois que le seul document du MagistĂšre en matiĂšre sociale auquel Maritain fasse vĂ©ritablement rĂ©fĂ©rence de tout son cĆur est la Constitution Gaudium et Spes », dĂ©plorait Jean Madiran, chef de ïŹle de lâantimaritainisme intĂ©griste », refusant pour sa part de reconnaĂźtre une quelconque continuitĂ©, concordance, voire Ă©quivalence, entre la philosophie politique de Maritain et la doctrine sociale de lâĂglise » et rejetant tout ce que le philosophe thomiste avait pu apporter de dĂ©cisif en la matiĂšre Maritain nâignore certes pas ce que le MagistĂšre a enseignĂ© il prend expressĂ©ment acte de cet enseignement chaque fois quâil lui paraĂźt que lâĂglise reconnaĂźt dĂ©sormais », ou proclame maintenant » telle idĂ©e qui lui est chĂšre. Mais quand lâenseignement social de lâĂglise fait autre chose que proclamer dĂ©sormais » ou reconnaĂźtre maintenant » une idĂ©e chĂšre Ă Maritain, â Maritain nâen parle ordinairement point⊠[âŠ] La Constitution Gaudium et Spes va-t-elle ĂȘtre reçue et interprĂ©tĂ©e dans le contexte de la doctrine sociale de lâĂglise ? Ou dans le contexte de la pensĂ©e sociale de Maritain ? Il nâest pas prouvĂ© que ce soit le mĂȘme contexte. 21 Jean Madiran, Le Paysan et le Ruminant », ItinĂ©raires, n° 112, avril 1967. 22Incapable cependant de fournir pour sa part un autre contexte dâinterprĂ©tation plus assurĂ©, et bien dĂ©cidĂ© Ă ne pas bouger du Syllabus, Madiran se refusait du coup Ă voir dans la constitution conciliaire autre chose quâun document pastoral » dâoccasion, sans portĂ©e doctrinale21. 22 Cf. Yves Congar, OĂč va-t-on ? Une analyse critique des tendances actuelles », Informations Cathol ... 23Mais le Paysan sâĂ©tait surtout inquiĂ©tĂ© du prolongement de lâĂ©quivoque sous sa forme inversĂ©e si le Concile avait enïŹn repositionnĂ© lâĂglise autrement quâen concurrence avec le monde, un certain nombre de ses membres nâallaient-ils pas lâimaginer soudain dans un rapport de coĂŻncidence ? Rejoint bientĂŽt ici par le PĂšre Congar diagnostiquant un danger dâhorizontalisme », revu et corrigĂ© par le PĂšre de Lubac, protestant contre le Paysan au nom du vrai Teilhard » quâil jugeait malmenĂ©, mais lui empruntant ses mises en garde contre une apostasie immanente » et accordant au thĂšme encore plus dâintensitĂ© dramatique22, Maritain sâen prenait aux tendances conduisant selon lui Ă une complĂšte temporalisation du christianisme » et Ă un agenouillement devant le monde », soit que lâon cherche Ă sĂ©culariser lâĂglise elle-mĂȘme, sa liturgie et le sens de ses sacrements, soit que lâon confonde au contraire le monde, que lâon dĂ©signe par cette notion la sociĂ©tĂ©, lâhistoire ou lâunivers, avec le corps mystique » et le Royaume. 24Cette rĂ©sorption sâopĂ©rait notamment du cĂŽtĂ© de la thĂ©ologie politique, la CitĂ© de CĂ©sar, dĂ©mocratique ou socialiste, reprenant chez certains des allures de CitĂ© de Dieu. Elle sâopĂ©rait aussi au niveau plus abstrait de lâhistoire, la tentative de badigeonner dâĂvangile lâun ou lâautre de ses sens sĂ©culiers, y compris lâhistoire Ă©volutive de lâespĂšce, pour la transformer telle quelle en histoire du salut, se trouvant favorisĂ©e par dix ans de teilhardisme posthume intensif, lâĆuvre du jĂ©suite Ă©tant publiĂ©e dans le dĂ©sordre et sans quâil puisse rectiïŹer les lectures abusives de son Christ cosmique », et par tout un contexte philosophique Ă©galement, pĂ©nĂ©trĂ© de monisme hĂ©gĂ©lien ou marxiste. Par excĂšs dâessentialisme, par refus abrupt de tout ce qui peut rappeler une dĂ©marche dialectique de la pensĂ©e, Maritain ne peut comprendre que les nĂ©gations et les critiques opposĂ©es Ă certains Ă©lĂ©ments sclĂ©rosĂ©s de la tradition ne sont que des moments de la recherche, des pistes ouvertes, des hypothĂšses qui peuvent se rĂ©vĂ©ler fĂ©condes », regrettait un de ces hĂ©gĂ©liens, certain dâavoir pour lui lâĂ©thos moderne » 23 Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron ». Mais, si lâon veut aller au fond des choses, le procĂšs quâinstruit Maritain est celui qui oppose deux façons diffĂ©rentes de concevoir les rapports dâanalogie existant entre le divin et lâhumain. Tenant ferme la distinction entre ces deux plans, il ne tente Ă aucun moment de les faire entrer en dialectique⊠Si lâintelligence humaine peut jouer mĂȘmement sur les deux plans, Ă partir, ici de la rĂ©vĂ©lation, lĂ de lâexpĂ©rience et de lâabstraction, en un mot si la rĂ©vĂ©lation est intelligible, dâune intelligibilitĂ© analogue Ă celle du rĂ©el scientifique et philosophique, il nâest pas besoin de chercher ailleurs la solution des rapports du divin et de lâhumain il suffit de faire fonctionner lâintelligence Ă ces deux niveaux, sans tenter de les harmoniser au sein dâun systĂšme vĂ©ritablement englobant, et câest uniquement dans lâintelligence en action que sâaccomplira lâharmonie. [âŠ] Cette conception de lâanalogie, trĂšs classique en son thomisme strict, ne manque pas de cohĂ©rence formelle, et il faut reconnaĂźtre quâelle laisse le champ libre Ă la recherche⊠Câest ainsi que le fixisme doctrinal de M. Maritain ne lâempĂȘche nullement dâaller loin et fort du cĂŽtĂ© de la pratique concrĂšte. Cependant il est banal de constater quâelle ne correspond absolument plus Ă la mentalitĂ© intellectuelle de notre temps qui est marquĂ©e en profondeur par une double dĂ©couverte lâhistoire comme dimension gĂ©nĂ©rale de la pensĂ©e et de lâaction, et lâapproche dialectique de la vĂ©ritĂ©. QuâĂ la limite, le danger de cette nouvelle forme contemporaine du penser et de lâagir soit de dĂ©boucher sur un monisme qui abolirait, en apparence du moins, la distinction des plans, ne doit pas faire perdre de vue que le but recherchĂ© est tout autre23. 25Le PĂšre Marie-Dominique Chenu se faisait peut-ĂȘtre de lâhistoire une conception un peu moins hĂ©gĂ©lienne il nâen jugeait pas moins lui aussi quâelle devait dĂ©sormais se substituer Ă la mĂ©taphysique comme point de dĂ©part de la thĂ©ologie. Je confesse nâavoir pas poursuivi la lecture du Paysan de la Garonne au-delĂ du premier tiers, lorsquâil mâest passĂ© entre les mains. Grande peine, voire irritation », conïŹait- il au PĂšre Congar 24 Lettre du P. Chenu au P. Congar, dĂ©cembre 1966 Archives de la province de France, papiers Congar. Car moi aussi, jâai grande estime pour Maritain, Humanisme intĂ©gral, etc. Mais jamais il nâa donnĂ© sa consistance â Ă©pistĂ©mologique, Ă©vangĂ©lique, spirituelle â Ă la thĂ©ologie, entre une mĂ©taphysique sacrĂ©e ? et les dons du Saint-Esprit. DâoĂč son insensibilitĂ©, non pas seulement Ă lâhistoire, mais Ă lâĂ©conomie, Ă lâhistoire du salut. LĂ -dessus Maritain nâa rien vu du concile, dont la rĂ©action contre la scolastique » a dĂ» lâirriter. Et une bonne part de ce qui lâirrite aujourdâhui nâest que la suite de cette position conciliaire24. 26Pour avoir fait partir sa rĂ©ïŹexion de la distinction dâessence entre lâĂglise et le monde, et non des entremĂȘlements de lâhistoire du salut » ou dâune sociologie des signes des temps », Maritain plaçait lâĂglise face au monde dans un double rapport dâimmanence et de transcendance. Ce faisant, et Ă©galement par sa primautĂ© du spirituel » contre le politique dâabord », ou par sa fameuse distinction entre lâaction en chrĂ©tien » et lâaction en tant que chrĂ©tien », il maintenait un dualisme » que Chenu jugeait dĂ©sormais malencontreux La formule PrimautĂ© du spirituel circule encore ; elle nâest pas sans me gĂȘner un peu, dans la mesure oĂč elle paraĂźt impliquer que le spirituel soit dĂ©gagĂ© du temporel⊠», expliquera bientĂŽt le dominicain Ă Jacques Duquesne 25 Marie-Dominique Chenu, Jacques Duquesne, Un thĂ©ologien en libertĂ©, Paris, Le Centurion, 1975, p. 76 ... Lâintervention de Maritain a Ă©tĂ© pour une part libĂ©ratrice ; mais elle nâavait pas rĂ©sorbĂ© le dualisme entre une thĂ©orie Ă©vangĂ©lique et spirituelle, et une pratique temporelle. Aujourdâhui, les mouvements dits dâAction catholique et divers groupements chrĂ©tiens, en France surtout, le tentent Ă leur maniĂšre ; ainsi, Ă lâintĂ©rieur du mouvement ouvrier organisĂ© dans leur pays, les chrĂ©tiens Ă©prouvent, en tant que chrĂ©tiens, le besoin de se solidariser avec leurs compagnons et de sâinsĂ©rer ainsi Ă lâintĂ©rieur des organisations autochtones. [âŠ] Câest lĂ , je pense, une dĂ©marche, de plus en plus commune, dans laquelle le politique » est en vĂ©ritĂ© le lieu du spirituel, et non seulement un terrain dâapplication. [âŠ] Autrement dit, je ne me rĂ©fĂšre pas Ă ma foi pour essayer de voir clair en politique, câest mon engagement politique qui me provoque Ă me rĂ©fĂ©rer Ă lâĂvangile. Vous voyez le changement de perspective. Il tire toute la consĂ©quence du fait que lâĂglise nâest pas situĂ©e hors du monde, en un lieu dâoĂč elle enverrait ses hommes et ses idĂ©es vers le monde. Comme je me plais Ă le redire, et comme le concile lâa dit, elle est dans le monde. Elle nâa son existence que dans le monde. Ă la limite, il faudrait dire que lâĂglise, câest le monde lui-mĂȘme en tant quâil porte en lui une capacitĂ© Ă entendre la Parole de Dieu25. 27 Pourquoi le paysan de la Garonne et lâauteur de Vraie et fausse RĂ©forme dans lâĂglise laissaient-ils leurs intuitions ecclĂ©siologiques en chemin ? », sâinterrogeait dans le mĂȘme sens le PĂšre Cardonnel, mais en englobant cette fois Congar dans sa critique 26 Jean Cardonnel, La grande peur de nâĂȘtre que des frĂšres », FrĂšres du monde, n° 46-47, 1967. Nous devons Ă des thĂ©ologiens comme le PĂšre Congar de nous avoir dĂ©livrĂ©s dâune ecclĂ©siologie aberrante, dâune conception paĂŻenne, romaine, hiĂ©rarchique de lâĂglise. Je nâoublierai jamais mon Ă©blouissement Ă la lecture de Vraie et fausse rĂ©forme, la dĂ©nonciation magistrale dâune ecclĂ©siologie qui ne sâĂ©tait, de fait, construite quâen forme de hiĂ©rarchĂ©ologie. Le P. Congar a vu que le dernier mot de lâĂglise nâĂ©tait point le pouvoir, lâautoritĂ©, mais le ministĂšre, le service. [âŠ] En mĂȘme temps, Jacques Maritain brisait avec une conception clĂ©ricale, confessionnelle, timorĂ©e de la communautĂ© humaine Ă Ă©vangĂ©liser. Dans son admirable dialectique immanente du premier acte libre », il soulignait que la connaissance volitionnelle du Bien non nommĂ© pouvait ĂȘtre effectivement lâadhĂ©sion Ă lâAmour rĂ©vĂ©lĂ©. Le P. Congar et Maritain rejoignaient les grandes vues du P. Chenu sur la Bonne Nouvelle, ferment de lâunitĂ© des masses humaines de tous les temps. Tout ce labeur se voyait couronnĂ© Ă Vatican II par lâĂglise se dĂ©finissant, non plus comme une sociĂ©tĂ©, mais comme un Peuple. Le sociĂ©taire, le hiĂ©rarchique reculaient sous la poussĂ©e populaire de lâEsprit Saint26. 27 Voir notamment Dr Paul Chauchard, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 28HĂ©las, poursuivait Cardonnel, refusant pour sa part dâaccepter quâil puisse exister un en-soi » de lâĂglise qui prĂ©existerait Ă son rapport au monde, tant Maritain que Congar persistaient Ă absolutiser lâĂglise dans sa dogmatique et son institution », et Gaudium et Spes souffrait du mĂȘme vice » quâil fallait dĂ©passer. Dans les rangs teilhardiens, on reprocha aussi au Paysan dâignorer la portĂ©e apologĂ©tique de la foi au monde » ou de la mystique de la matiĂšre » et de se mettre en opposition avec la construction de la noosphĂšre27 ». 28 Cf. Christian Duquoc, La mort de Dieu. Signification dâune thĂ©ologie », La Table Ronde, n° 239, d ... 29Ce que montraient toutes ces critiques, câĂ©tait notamment lâanti- intellectualisme profond dâune aile de lâĂglise qui ne se voulait plus que marchante », considĂ©rant toute distinction dâessence comme une barriĂšre ou une amputation et refusant toute position de surplomb, ecclĂ©siologique ou mĂ©taphysique coupĂ©e de toute thĂ©orie, la praxis, pastorale notamment, ne devait plus trouver son principe que dans la rĂ©alitĂ© vĂ©cue de lâagir chrĂ©tien » et le courant torrentueux de la vie ». Pour les thĂ©ologies de la mort de Dieu » Ă la mode en cette annĂ©e 1966, JĂ©sus lui-mĂȘme nâĂ©tait quâun homme-pour-les-autres » et toute interrogation sur son statut ontologique Ă©tait vide de sens » Dieu est privĂ© de signiïŹcation sâil nâest une praxis. La disparition du Dieu mĂ©taphysique du champ de la conscience est une chance pour manifester le sens vrai du christianisme28 ». * ** 29 Cf. M. Fourcade, LâAnti-Thomisme Ă lâheure du concile et du paraconcile », dans LâAnti-Thomisme. ... Des rangs thomistes eux-mĂȘmes montait donc lâintention dâen ïŹnir avec la mĂ©taphysique, vulgate du moment favorisĂ©e non seulement par le structuralisme ou lâexplosion des sciences humaines », mais aussi par le dĂ©sir dâenterrer dĂ©ïŹnitivement lâĂvangile selon sainte scolastique » et de tourner la page dâun nĂ©o-thomisme » passĂ© soudain au grill des maĂźtres du soupçon », accusĂ© de nâexercer quâune fonction idĂ©ologique de lĂ©gitimation du systĂšme ecclĂ©sial et dâautant plus rĂ©cusĂ© que dĂ©sormais presque entiĂšrement confondu avec les docteurs romains », la minoritĂ© conciliaire et la production magistĂ©rielle de lâĂ©poque pacellienne29. Sans sâen rendre immĂ©diatement compte, câest aussi la thĂ©ologie qui se faisait ainsi hara-kiri. Tandis que les sciences humaines dĂ©rĂ©gulĂ©es afïŹchaient toutes des ambitions substitutives hĂ©gĂ©moniques, lâon pourrait multiplier ici les citations, empruntĂ©es aux dix annĂ©es qui suivirent la querelle du Paysan, attestant dâun profond dĂ©sarroi Ă©pistĂ©mologique, de la crainte dâune dĂ©cadence irrĂ©mĂ©diable » ou de la quĂȘte aussi dĂ©sespĂ©rĂ©e que dĂ©sordonnĂ©e dâune philosophie de rechange ». Lâancien temple de la thĂ©ologie ressemble Ă un palais en ruines », notait ainsi Claude GeffrĂ© 30 Claude GeffrĂ©, Une thĂ©ologie marginalisĂ©e », Autrement, n° 2, 1975. Notre situation est profondĂ©ment diffĂ©rente de la situation culturelle et ecclĂ©siale dans laquelle ont travaillĂ© les hommes qui ont fait le renom de la thĂ©ologie française Ă la veille du concile et qui en ont Ă©tĂ© dâailleurs les meilleurs artisans. Les fondements philosophiques de leur thĂ©ologie nâavaient pas Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s et ils ne soupçonnaient pas jusquâoĂč pouvait aller la critique du langage religieux par les sciences humaines. [âŠ] La thĂ©ologie connaĂźt une crise des fondements comparable Ă celle de la philosophie. Qui peut prĂ©tendre, comme au beau temps de la philosophie chrĂ©tienne, quâil est possible aujourdâhui de construire une thĂ©ologie systĂ©matique de lâensemble des vĂ©ritĂ©s chrĂ©tiennes ? Beaucoup renoncent Ă une construction systĂ©matique du savoir thĂ©ologique parce que la mĂ©diation mĂ©taphysique de jadis est devenue incertaine. Lâancienne synthĂšse thĂ©ologique fondĂ©e peu ou prou sur Thomas dâAquin sâest effondrĂ©e et elle nâa Ă©tĂ© remplacĂ©e par rien. Il y a bien sĂ»r des essais trĂšs intĂ©ressants Ă partir des ressources nouvelles de la philosophie moderne. Mais leur discours est souvent Ă©pistĂ©mologiquement impur dans la mesure oĂč il juxtapose des concepts traditionnels et des concepts philosophiques nouveaux, coupĂ©s de leur contexte originaire. La timiditĂ© spĂ©culative de la thĂ©ologie se manifeste en ce quâelle se rĂ©duit souvent Ă nâĂȘtre plus quâune histoire des diverses synthĂšses thĂ©ologiques Ă travers les siĂšcles. On constate aussi que la thĂ©ologie se trouve de plus en plus marginalisĂ©e dans la culture contemporaine dans la mesure oĂč la fonction traditionnellement assumĂ©e par la thĂ©ologie relĂšve de plus en plus des diverses sciences humaines de la religion qui connaissent un succĂšs sans prĂ©cĂ©dent. Et dâailleurs, mĂȘme Ă lâintĂ©rieur de lâĂglise, le rĂŽle traditionnel de la thĂ©ologie dite dogmatique est souvent contestĂ©, soit par une exĂ©gĂšse scientifique de plus en plus sĂ»re dâelle-mĂȘme, soit par les diverses sciences pratiques de lâagir chrĂ©tien30. 31 LâAmi du ClergĂ©, 13 avril 1967 ; voir Fourcade, La querelle du Paysan un tour dâhorizon critiqu ... 30Dans ce contexte, le plaidoyer de Maritain en faveur du thomisme vivant » fut bien sĂ»r reçu comme une provocation, et ne pouvait sâadresser quâĂ de petites Ă©quipes » La pensĂ©e chrĂ©tienne, notait encore Suffert, cette fantastique Ă©ponge qui absorbe rĂ©guliĂšrement, avec toujours quelque retard, les dĂ©couvertes intellectuelles et scientiïŹques, voilĂ quâon lui rappelle, brutalement, quâelle ne peut rĂ©ussir une telle digestion quâau prix dâune impitoyable rigueur thĂ©orique ». Aux yeux de ceux cependant qui entendaient convertir la sociĂ©tĂ© de masse », le mĂ©taphysicien Ă©tait coupable du nouveau pĂ©chĂ© capital dâĂ©litisme » et LâAmi du ClergĂ© formulait en deux lignes lâĂ©quation thomiste prĂ©sumĂ©e insoluble Ce qui paraĂźt nĂ©cessaire Ă Maritain, ce serait un renouveau du thomisme. Mais il voit bien que celui-ci nâoffre rien qui puisse plaire aux masses. Il se rĂ©signe donc Ă nâatteindre, pour la philosophie comme pour la contemplation, quâil estime si vitale, que des minoritĂ©s. Il ne parle que pour de petits troupeaux31 ». Et pour ceux qui diagnostiquaient un vertige collectif », doutant quâil puisse y avoir dâautre remĂšde que de prier, de pleurer, dâattendre ou de se rĂ©signer, le Paysan Ă©tait coupable aussi, mais dâoptimisme, qui incriminait surtout des fautes de mystique », de pastorale ou dâapologĂ©tique et conseillait de ne pas trop prendre la bĂȘtise au sĂ©rieux » 32 Gonzague Truc, Les Ăcrits de Paris, mars 1967. Jadis ce beau livre eĂ»t Ă©tĂ© une de ces apologies ou dĂ©fenses » qui dĂ©fendaient les causes difficiles, et il y eĂ»t tenu un premier rang. Aujourdâhui, et dans lâĂ©tat de dĂ©composition morale et mentale oĂč est tombĂ© le monde, il est malaisĂ© de croire quâil puisse trouver encore quelque utilitĂ©32. 31ThĂ©orisant cependant, pour transmettre un relais, la maniĂšre dont il avait pour sa part toujours thomistisĂ© », Maritain avait su trouver des mots assez polĂ©miques pour distinguer le thomisme vivant » dâautres surgeons moins reluisants de lâarbre scolastique, et des mots assez neufs aussi pour lui redonner les plus vastes ambitions programmatiques 33 J. Maritain, Le Paysan de la Garonne, dans Ćuvres ComplĂštes, Fribourg Suisse et Paris, Ăd. univer ... La doctrine Ă©quipĂ©e par S. Thomas nâest pas la doctrine dâun homme, câest tout le labeur des PĂšres de lâĂglise, et des chercheurs de la GrĂšce, et des inspirĂ©s dâIsraĂ«l sans oublier les Ă©tapes antĂ©rieures franchies par lâesprit humain, sans oublier non plus lâappoint fourni par le monde arabe quâelle porte Ă lâunitĂ© et non pas certes comme Ă un point dâarrĂȘt ! Car elle est un organisme intelligible fait pour croĂźtre toujours, et Ă©tendre Ă travers les siĂšcles son insatiable aviditĂ© de nouvelles proies. Câest une doctrine ouverte et sans frontiĂšres ; ouverte Ă toute rĂ©alitĂ© oĂč quâelle soit et Ă toute vĂ©ritĂ© dâoĂč quâelle vienne ; notamment aux vĂ©ritĂ©s nouvelles que lâĂ©volution de la culture et celle de la science la mettront en Ă©tat de dĂ©gager â ce qui suppose un effort de lâesprit pour transcender un moment son propre langage conceptuel afin dâentrer dans le langage conceptuel dâautrui, et de revenir de ce voyage en ayant saisi lâintuition dont a vĂ©cu cet autre. [âŠ] Et parce quâelle est ainsi une doctrine ouverte, une faim et une soif jamais rassasiĂ©es de la vĂ©ritĂ©, la doctrine de S. Thomas est une doctrine indĂ©finiment progressive ; et une doctrine libre de tout sauf du vrai, et libre Ă lâĂ©gard dâelle-mĂȘme, et de ses imperfections Ă corriger, et de ses vides Ă combler, et de ses formulateurs et de ses commentateurs, et du maĂźtre lui-mĂȘme qui lâa instituĂ©e, je veux dire libre de lui comme il Ă©tait lui-mĂȘme, prĂȘte, comme lui, aux changements et refontes requis par une meilleure vue des choses, et aux dĂ©passements et approfondissements demandĂ©s par une enquĂȘte toujours en progrĂšs33. 34 Cf. François Biot, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 32 Mythe », avaient jugĂ© un certain nombre de dĂ©tracteurs, haussant les Ă©paules, mais mythe que lâultime Maritain » eut avant de mourir le temps dâillustrer encore, ressaisissant les principales objections de fond qui avaient pu lui ĂȘtre faites au ïŹl de la controverse et y rĂ©pondant, en multipliant les hypothĂšses de recherche », les essais de refonte doctrinale », les approches sans entraves ». Et puisquâil faut ïŹnir sur un exemple, câest ici quâil faudrait notamment confronter de plus prĂšs lâecclĂ©siologie du Paysan et celle de Lumen Gentium, puisque lâon avait reprochĂ© Ă lâessai dâĂȘtre restĂ© enfermĂ© dans la thĂ©ologie de lâĂglise du cardinal Journet », elle-mĂȘme supposĂ©e incapable de rendre compte pleinement des orientations conciliaires34 », en ignorant dâailleurs tout ce que le thĂ©ologien tenait du philosophe et le rĂŽle souvent premier de Maritain dans lâintuition. 35 Cf. La personne de lâĂglise et son personnel dossier de lettres prĂ©sentĂ© par Garrigues », ... 33Pour ne pas coĂŻncider tout Ă fait avec lâecclĂ©siologie conciliaire, puisquâelle prĂ©fĂ©rait pour dĂ©ïŹnir lâĂglise la catĂ©gorie scolastique de personne » Ă celle biblique et sociologique de peuple », la rĂ©ïŹexion maritainienne sur lâĂglise et ses frontiĂšres, prolongĂ©e en 1970 par son dernier traitĂ© De lâĂglise du Christ, entretenait cependant avec Lumen Gentium un lien dâautant plus Ă©troit quâelle se prĂ©cisait aprĂšs, et se situait aussi sans doute beaucoup plus en avant quâen arriĂšre35. En avant de Nostra Aetate en tout cas, Maritain et Journet faisant ici partie de ceux qui avaient jugĂ© cette premiĂšre dĂ©claration sur les religions non-chrĂ©tiennes bien sommaire » quand la catĂ©gorie sociologique de peuple » enfermait encore lâĂglise dans des frontiĂšres visibles, celle de personne de lâĂglise », que le philosophe distinguait de son personnel », lui permettait dâexplorer les modes dâappartenance des familles spirituelles les plus diverses Ă lâĂglise invisible elle- mĂȘme, jusquâĂ rechercher ïŹnalement lâĂ©lĂ©ment dâĂglise absolument foncier et universel » prĂ©sent en chaque homme. InterrogĂ© sur le Paysan encore, le 2 avril 1967, Ă la tĂ©lĂ©vision, le PĂšre Congar ne sâĂ©tait cette fois pas trompĂ© sur la valeur dâappel des vues dĂ©veloppĂ©es 36 Cf. Le Feu nouveau, p. 426-427 Sur cette question de lâĆcumĂ©nisme, Maritain a quelques pages extrĂȘmement profondes, qui dĂ©passent dâailleurs lâĆcumĂ©nisme pour, je dirais, donner son statut, son espĂšce de charte au dialogue, lequel nâest pas seulement le mot Ă la mode, vous savez, mais le mot profond aujourdâhui dont le Saint PĂšre a fait le thĂšme de son encyclique Ecclesiam suam, estimant que lâĂglise doit exercer aujourdâhui sa mission par mode de dialogue. Maritain dit ceci jadis, on a considĂ©rĂ© les autres surtout en ce quâils pouvaient me devenir ressemblants, et on les estimait ainsi. Je me serais intĂ©ressĂ© par exemple Ă un bouddhiste comme un catholique possible. Aujourdâhui, on considĂšre les autres, on sâintĂ©resse Ă eux, on les aime pour ce quâils sont dĂ©jĂ en eux-mĂȘmes. Eh bien lĂ , cela, jâestime que câest une base extrĂȘmement profonde et prĂ©cise pour tout ĆcumĂ©nisme et pour toute la fonction de dialogue de lâEglise36. Haut de page Notes 1 Cf. J. Maritain, Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, PrĂ©f. et dossier critique de M. Fourcade, GenĂšve, Ad Solem, 2007. 2 Lettre du cardinal Journet Ă Maritain, 12 janvier 1967. 3 Henry Bars, Ă propos du Paysan de la Garonne », Revue thomiste, 1968 1, p. 89-100. 4 TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 5 Le Paysan de la Garonne nous Ă©crit », Masses ouvriĂšres, n° 238, mars 1967. 6 Louis Jugnet, Maritain et le NĂ©o-modernisme », La PensĂ©e catholique, n° 107, 1967. 7 Marcel Clement, Maritain », LâHomme nouveau, 3 juin 1973. 8 RenĂ© Pucheu, Affronter Maritain », Esprit, fĂ©vrier 1967. 9 HervĂ© Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron », FrĂšres du monde, n° 43-44, 1967. 10 Bars, Ă propos du Paysan de la Garonne ». 11 Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron ». 12 Voir ici les deux couvertures cĂ©lĂšbres du magazine Time, du 8 avril 1966 Is God Dead ? » et du 26 dĂ©cembre 1969 Is God coming back to life ? ». 13 Henri Fesquet, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966 ; Jean-Marie PAUPERT, Vieillards de chrĂ©tientĂ© et chrĂ©tiens de lâan 2000, Paris, Grasset, 1967. 14 GĂ©rard Granel, Propositions concrĂštes pour la lutte » appendice Ă son Rapport sur la situation de lâincroyance en France », prĂ©sentĂ© en octobre 1970 Ă une journĂ©e du SecrĂ©tariat français pour les non-croyants et publiĂ© dans Esprit en janvier 1971. Esprit refusa lâappendice, mais lâensemble est repris par Granel dans son recueil Traditionis traditio, Paris, Gallimard, 1972. 15 Louis Salleron, Quâen pense Maritain ? », La Nation française, 29 juillet 1965. 16 Cf. Ph. Chenaux, Paul VI et Maritain. Les rapports du montinianisme et du maritanisme, Brescia, Istituto Paolo VI, 1994 ; M. Cagin, Maritain, du Paysan de la Garonne Ă la Profession de foi de Paul VI », dans Montini, Journet, Maritain une famille dâesprit, Brescia, Pubblicazioni dellâIstituto Paolo VI, n° 22, 2000, p. 48-71. 17 Cf. Paul VI, Discours de clĂŽture du 7 dĂ©cembre 1965 », Documentation catholique, n° 1462, 2 janvier 1966. 18 Maritain Ă Gilson, 15 novembre 1967. 19 Yves Congar, Une certaine peine », Le Monde, 28 dĂ©cembre 1966 et lettre du mĂȘme Ă Maritain, 27 novembre 1966. 20 Cf. M. Fourcade, Un Seigneur, des histoires. La RoyautĂ© du Christ Ă lâheure de Vatican II », Communio, 2007 1, p. 71-85. 21 Jean Madiran, Le Paysan et le Ruminant », ItinĂ©raires, n° 112, avril 1967. 22 Cf. Yves Congar, OĂč va-t-on ? Une analyse critique des tendances actuelles », Informations Catholiques Internationales, n° 286, 15 avril 1967 ; Henri de Lubac, Teilhard et notre temps, Paris, coll. Foi vivante », 1971. 23 Chaigne, Le Paysan du Styx et de lâAcheron ». 24 Lettre du P. Chenu au P. Congar, dĂ©cembre 1966 Archives de la province de France, papiers Congar. 25 Marie-Dominique Chenu, Jacques Duquesne, Un thĂ©ologien en libertĂ©, Paris, Le Centurion, 1975, p. 76-82. 26 Jean Cardonnel, La grande peur de nâĂȘtre que des frĂšres », FrĂšres du monde, n° 46-47, 1967. 27 Voir notamment Dr Paul Chauchard, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 28 Cf. Christian Duquoc, La mort de Dieu. Signification dâune thĂ©ologie », La Table Ronde, n° 239, dĂ©cembre 1967. 29 Cf. M. Fourcade, LâAnti-Thomisme Ă lâheure du concile et du paraconcile », dans LâAnti-Thomisme. Histoire, thĂšmes et figures. Colloque 11-12 Mai 2007, Actes Ă paraĂźtre Bonino. 30 Claude GeffrĂ©, Une thĂ©ologie marginalisĂ©e », Autrement, n° 2, 1975. 31 LâAmi du ClergĂ©, 13 avril 1967 ; voir Fourcade, La querelle du Paysan un tour dâhorizon critique » chap. 4 Le paysan, le clerc de la nouvelle vague, le troisiĂšme homme », dans Maritain, Le Feu nouveau, p. 473-494. 32 Gonzague Truc, Les Ăcrits de Paris, mars 1967. 33 J. Maritain, Le Paysan de la Garonne, dans Ćuvres ComplĂštes, Fribourg Suisse et Paris, Ăd. universitaires et Ăd. Saint-Paul, vol. XII, p. 841 ; cf. M. Fourcade, Peut-on parler dâĂ©cole maritainienne ? Le maritainisme parmi les thomismes », Toulouse, Recherches philosophiques III, 2007, p. 7-32. 34 Cf. François Biot, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 35 Cf. La personne de lâĂglise et son personnel dossier de lettres prĂ©sentĂ© par Garrigues », Cahiers J. Maritain, n° 41, 2000. 36 Cf. Le Feu nouveau, p. 426-427Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Michel Fourcade, Le paysan de la Garonne les enjeux dâune rĂ©ception », Revue des sciences religieuses, 81/4 2007, 461-480. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Michel Fourcade, Le paysan de la Garonne les enjeux dâune rĂ©ception », Revue des sciences religieuses [En ligne], 81/4 2007, mis en ligne le 30 juillet 2015, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
laissemoi te dire, à quel point tu comptes sans toi la vie, ne vaut plus une seconde c'est pourquoi je t'écris, ces quelques mots pour te faire comprendre qu'avec toi le monde
Veillez Ă ne pas Ă©crire Que chacun vienne par ces propres moyens » alors quâil faut Ă©crire Que chacun vienne par ses propres moyens ». En effet, ce serait confondre un adjectif dĂ©monstratif avec un adjectif possessif. Si le mot sur lequel on hĂ©site devient ce » ou cet » au masculin, cette » au fĂ©minin, câest quâil sâagit de lâadjectif dĂ©monstratif ces », qui dĂ©signe quelque chose ces outils = cet outil, ces pochettes = cette pochette, ces chiffres = ce chiffre En revanche, si le mot sur lequel on hĂ©site devient son » ou sa » quand on le met au singulier, câest quâil sâagit de lâadjectif possessif ses » quâon peut aussi remplacer par mes » en passant Ă la 1re personne du singulier ou par tes » en passant Ă la 2e personne du singulier ses dĂ©fauts ? son dĂ©faut, mes dĂ©fauts, tes dĂ©fauts ; ses qualitĂ©s ? sa qualitĂ©, mes qualitĂ©s, tes qualitĂ©s ; ses oreilles ? son oreille, mes oreilles, tes oreilles Pour ne plus commettre cette faute et beaucoup dâautres testez gratuitement nos modules dâentraĂźnement sur plus de 7 millions dâutilisateurs ! Avis de lâexpert â Bruno Dewaele, champion du monde dâorthographe, professeur agrĂ©gĂ© de lettres modernes Quand il ne renvoie pas Ă quelque chose ou Ă quelquâun dont il vient dâĂȘtre question, le dĂ©monstratif ces » est trĂšs souvent aidĂ© dans sa tĂąche par un adjectif Ă©pithĂšte ces gestes dĂ©placĂ©s », une proposition subordonnĂ©e relative ces gens qui vous regardent », ces gens que vous voyez », voire par lâadverbe là » ces gens-là ». Autant dâindices qui vous permettront de lâidentifier plus facilement encore ! Exercices cherchez les erreurs Ses thĂ©ories que vous avancez, sur quoi reposent-elles ? Ces amĂ©liorations que vous vantez, sont-elles durables ? Ses propos que vous avez tenus, les maintenez-vous ? Il tient lâavenir de la sociĂ©tĂ© entre ces mains. Vois-tu ses sommets enneigĂ©s au loin ? Ses profits que lâentreprise a rĂ©alisĂ©s, Ă quoi les doit-elle ? Le candidat envoie son CV, sur lequel se trouvent ses rĂ©fĂ©rences. Les formulaires sont dans ses dossiers-lĂ , sur lâĂ©tagĂšre de droite. Dans votre Ă©tat, ces sports sont dĂ©conseillĂ©s. Lâauteur dĂ©dicacera ses Ćuvres aujourdâhui. RĂ©ponses Faux. Il faut Ă©crire Ces thĂ©ories que vous avancez, sur quoi reposent-elles ? Au singulier, dirait-on plutĂŽt Cette thĂ©orie que vous avancez, sur quoi repose-t-elle ? » ou Sa thĂ©orie que vous avancez, sur quoi repose-t-elle ? » ? La premiĂšre solution est la bonne cette thĂ©orie ». On Ă©crit donc ces ». Phrase correcte. Faux. Il faut Ă©crire Ces propos que vous avez tenus, les maintenez-vous ?Peut-on dire, en mettant au singulier Son propos que vous avez tenu, le maintenez-vous ? » ? Non. Il ne sâagit donc pas du possessif ses », mais du dĂ©monstratif ces ». On peut dire Ce propos que vous avez tenu⊠» Faux. Il faut Ă©crire Il tient lâavenir de la sociĂ©tĂ© entre ses mettant la phrase Ă la 1re personne du singulier, direz-vous Je tiens lâavenir de la sociĂ©tĂ© entre ces mains » ou entre mes mains » ? La premiĂšre phrase nâa pas de sens il ne sâagit pas de ces », mais du possessif ses ». Faux. Il faut Ă©crire Vois-tu ces sommets enneigĂ©s au loin ?Au singulier, direz-vous plutĂŽt Vois-tu son sommet enneigĂ© au loin ? » ou Vois-tu ce sommet enneigĂ© au loin ? » ? La deuxiĂšme solution ce » est la bonne. Il sâagit donc ici du dĂ©monstratif et non du possessif on Ă©crit ces ». Faux. Il faut Ă©crire Ces profits que lâentreprise a rĂ©alisĂ©s, Ă quoi les doit-elle ?La phrase Son profit que lâentreprise a rĂ©alisĂ©, Ă quoi le doit-elle ? » nâa pas de sens il ne sâagit donc pas du possessif ses », mais du dĂ©monstratif ces » â on pourrait dire Ce profit que lâentreprise a rĂ©alisé⊠» Phrase correcte. Faux. Il faut Ă©crire Les formulaires sont dans ces dossiers-lĂ , sur lâĂ©tagĂšre de singulier, direz-vous plutĂŽt dans son dossier-là » ou dans ce dossier-lĂ ? » La deuxiĂšme solution ce » est la bonne. Il sâagit donc ici du dĂ©monstratif et non du possessif on Ă©crit ces ». Phrase correcte. Phrase correcte. Besoin de vous remettre Ă niveau en orthographe ?Testez gratuitement nos modules dâentraĂźnement sur plus de 7 millions dâutilisateurs ! Auteurs Projet Voltaire Bruno Dewaele, champion du monde dâorthographe, professeur agrĂ©gĂ© de lettres modernes AgnĂšs Colomb, auteur-adaptateur, correctrice professionnellePascal Hostachy, cofondateur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire ChĂšreamie, je vous envoie ces quelques mots Pour vous dire qu'il ne fait pas beau Et que j'ai mal, seul, depuis que je vous ai perdue Je vous Ă©cris ces quelques fleurs Avec mon cĆur ĂRichelieune descendait pas Ă ces dĂ©tails de justicier farouche et de bourreau en quĂȘte de supplices. octobre 6, 2012 FrĂ©dĂ©rick JĂ©zĂ©gou On met souvent sur le compte de Richelieu cette parole patibulaire : Quâon me donne six lignes Ă©crites de la main du plus honnĂȘte homme, jây trouverai de quoi le faire pendre.Aller Ă Paroles de Quelques motsInterprĂ©tĂ©es par Florent PagnyCD ChĂątelet - Les Halles Ils viendront peut-ĂȘtre Ă©clairer tes nuits Quand la lune inquiĂšte se voilera de gris Pour colorer le ciel autour D'un peu de bleu d'un peu d'amour Ces quelques mots Ils sauront te suivre lĂ oĂč tu te perds Et t'aider peut-ĂȘtre Ă retrouver tes repĂšres Pas de morale pas de message Un peu d'amour sur ta page Ces quelques mots Je t'envoie Ces quelques mots en douceur Juste quelques mots Je t'envoie Quelques mots de mon coeur Ecrit sur ta peau Peut-ĂȘtre ils te rendront tes soleils perdus Et ce feu intĂ©rieur quand tu n'y croiras plus Peut-ĂȘtre un peu de chaleur Un peu de bleu au fond du coeur Ces quelques mots Je t'envoie Quelques mots en douceur Juste quelques mots Je t'envoie Quelques mots que mon coeur Ecrit sur ta peau Je t'envoie juste quelques mots Je t'envoie juste quelques mots Juste quelques mots De mon coeur Ă ta peau Juste quelques mots Recevoir la lettre d'information ConnectĂ©s 0membres et 54 visiteurs .